Éclaboussé par une série de scandales pédophiles, le Vatican a publié pour la première fois lundi sur son site la procédure à suivre en cas d'abus sexuels, dont les coupables devront être dénoncés, une façon de répondre aux accusations d'opacité de l'Eglise catholique.

«Malte 2010», «Chapelle Sixtine» et.... «abus sur mineurs, la réponse de l'Église»: le sujet apparaît dès la page d'accueil du site internet, sous une photo de Benoît XVI. Outre les documents de référence sur le sujet, comme la lettre du pape aux catholiques irlandais, publiée le 29 mars, y sont énumérées les procédures appliquées en cas d'abus, notamment le fait que ceux-ci doivent «toujours» êtres dénoncés à la justice ordinaire.

La dénonciation des abus «aux autorités compétentes doit toujours respecter la loi ordinaire», indique le document d'une page et demie publié en anglais.

En outre, «le diocèse local doit enquêter sur chaque allégation d'abus sexuel commis par un prêtre contre un mineur. Si l'allégation semble avérée, le cas est transmis» au Vatican.

Mais dans les cas les plus graves ou lorsque les preuves sont écrasantes, le prêtre peut être immédiatement défroqué, c'est-à-dire réduit à l'état laïc, par le pape, sans attendre l'issue d'un procès canonique.

«Il n'y a pas d'appel contre un tel décret papal», précise le texte.

Pendant l'enquête sur un prêtre, «l'évêque peut imposer des mesures de précaution» pour protéger sa communauté religieuse ainsi que les victimes, en particulier les enfants.

Selon le Vatican, ces lignes directrices ne sont pas nouvelles. Elles sont la synthèse de documents existants : le droit canon en général, un «motu proprio» (décret) de 2001 -signé par Jean Paul II sur la base d'un texte préparé par son son futur successeur, le cardinal Joseph Ratzinger-, et un document de 2003. Mais le texte de 2003 n'avait jamais été rendu public tandis que le motu proprio n'avait été diffusé sur le site qu'en... latin et en portugais.

De plus, le document indique que de nouvelles dispositions sont en cours de préparation. Selon l'agence italienne Ansa, elles pourraient concerner les délais de prescription.

L'Eglise, secouée par une série de scandales pédophiles, est accusée d'avoir gardé le silence sur des abus commis par des prêtres ou des religieux. Le pape Benoît XVI a été lui-même mis en cause.

Entre silences et couacs de communication -comme lorsque le prédicateur du Vatican a comparé les accusations contre le pape à de l'antisémitisme, avant de présenter ses excuses-, le Saint-Siège a été accusé de ne pas apporter la réponse adéquate.

«Le Vatican ne se rend pas encore compte à quel point la crise médiatique est sérieuse», a dit récemment à l'AFP le vaticaniste du quotidien Il Giornale, Andrea Tornielli.

«Il serait utile que les dirigeants du Saint-Siège parlent un peu plus avec les journalistes», a déclaré à La Stampa George Weigel, auteur d'une biographie de Jean Paul II.

Lundi, le directeur de l'Osservatore Romano, l'un des organes officiels du Vatican, a rétorqué que Benoît XVI était «un grand communicateur». «Il écrit à la main, mais il se tient très informé et est attentif à la communication», a déclaré Giovanni Maria Vian devant l'association de la presse étrangère à Rome.

Pour lui, la publication sur Internet des documents sur la pédophilie est une nouvelle preuve que l'Eglise a géré cette question «de manière exemplaire».

Reste à savoir si cette offensive médiatique sera de nature à satisfaire l'opinion, et surtout les victimes qui réclament avant tout des «excuses» solennelles du pape et des sanctions contre les coupables et leur hiérarchie.