L'Organisation mondiale de la santé (OMS) lance mercredi une campagne de sensibilisation aux menaces pour la santé que constitue la vie en ville, alors qu'une majorité de la population mondiale vit désormais dans des zones urbaines.

L'OMS encourage les dirigeants municipaux, associations et représentants de communautés, mais aussi le simple citoyen à participer à cette campagne intitulée «1000 villes/1000 vies» en prenant cette année des initiatives visant à améliorer la santé des habitants de leurs villes.

Dimanche soir, près de 700 villes avaient annoncé des actions, de La Havane à Cuba à en passant par Oran (Algérie) et Trivandrum (Inde).

«Nous sommes à un moment charnière», estime l'une des conceptrices de la campagne de l'OMS, Lori Sloate, en rappelant que depuis 2007 plus de la moitié de la population mondiale, soit plus de 3 milliards de personnes, vit en zone urbaine.

Il est «important de réagir maintenant», ajoute-t-elle, expliquant à l'AFP que la campagne vise à «mobiliser les villes et à attirer l'attention sur le rôle majeur des dirigeants municipaux dans la réponse aux problèmes de santé».

L'OMS les incite par exemple à interdire la circulation dans certaines rues pour favoriser promenades à pied et à vélo, à lancer des opérations de nettoyage de déchets dans les espaces publics ou à encourager les visites aux orphelins ou malades dans les hôpitaux.

La santé dans les villes est sous le coup d'une «triple menace», a expliqué Mme Sloate. «Il y a d'abord les maladies infectieuses» comme la diarrhée, liées à des conditions de vie insalubres, «en particulier dans les endroits où il n'y a ni eau courante ni installations sanitaires».

D'autre part, les maladies non transmissibles comme le cancer, les maladies cardio-vasculaires et le diabète «peuvent être exacerbées» par un mode de vie urbain caractérisé par le manque d'activité physique, la consommation d'alcool et de tabac et une nourriture malsaine.

Enfin, certains phénomènes sont «liés plus spécifiquement aux villes», selon Mme Sloate, comme la violence et le crime, mais aussi les accidents et blessures causés par le trafic routier.

Ces risques sanitaires ne vont cesser de croître, puisque 60% de la population mondiale vivra en ville en 2030, selon l'agence onusienne UN Habitat.

Ils sont aggravés par le fait que les pauvres, plus fortement touchés par les maladies, représentent une majorité de la population urbaine: un tiers de celle-ci, soit 830 millions de personnes, vit aujourd'hui dans des bidonvilles.

L'OMS a par ailleurs lancé un site Internet (https://1000cities.who.int) invitant associations et individus à partager dans des vidéos leurs initiatives pour améliorer la santé dans leur entourage.

Dans l'une de ces vidéos, un garçon japonais souffrant d'asthme raconte comment il a réussi, à l'âge de 12 ans, à réunir 24.000 signatures appelant à interdire de fumer dans certaines zones de sa ville, Shizuoka, amenant les autorités locales à agir en ce sens.

Margaret Chan, directrice générale de l'OMS, doit présenter mercredi, lors de la Journée mondiale de la Santé, les grands enjeux de la santé dans les villes lors d'une conférence de presse à Genève.

Un rapport rédigé avec UN Habitat doit paraître plus tard dans l'année et une rencontre internationale doit réunir des maires et ministres de la Santé, de l'Environnement et de la Ville à Kobe (Japon) du 15 au 17 novembre 2010.