Le cardinal-archevêque de Vienne, Christoph Schönborn, a reconnu pour la première fois la «faute» de l'Église dans le scandale des abus sexuels commis par des prêtres sur des enfants ainsi que la dissimulation de ces faits sur lesquels va enquêter une représentante indépendante.

«Nous, peuple de Dieu, son Église, portons ensemble cette faute», a-t-il dit lors d'une messe de pénitence célébrée mercredi soir dans la cathédrale de Vienne devant quelque 3 000 fidèles et co-organisée par le mouvement progressiste de l'Église «Wir sind Kirche» («Nous sommes l'Eglise»).

«C'est une expérience douloureuse pour l'Église. Mais que représente cette douleur en comparaison de celle des victimes, que nous n'avons pas voulu voir ni entendre!» a-t-il ajouté.

Il a également dénoncé «le silence de la dissimulation, du bâillonnement, le (fait) de ne pas pouvoir parler» qui a régné sur les affaires d'abus sexuels jusque-là et qui sont révélés depuis plusieurs semaines en Autriche.

Le cardinal a remercié les victimes, dont des témoignages ont été lus au cours de la messe, d'avoir brisé ce silence: «Merci aux victimes d'avoir commencé à oser parler. Il faut souvent du temps pour briser la spirale du silence», a-t-il relevé lors de son sermon. «Maintenant on regarde plus (le problème) en face, mais il reste encore beaucoup à faire».

Jeudi, il a présenté à la presse la représentante indépendante, Waltraud Klasnic, une catholique de 64 ans, qu'il a nommée dimanche pour enquêter sur les abus sexuels commis par des religieux sur des enfants.

«C'est important que la représentante puisse travailler de manière indépendante, c'est pourquoi nous avons dit clairement qu'elle monte elle-même son équipe, décide des méthodes de travail, et nous lui fournissons le soutien financier nécessaire», a-t-il déclaré.

Mme Klasnic, ex-gouverneur de Styrie (sud), a indiqué que les travaux de sa commission, dans laquelle il n'y aura pas de membre du clergé, devrait commencer ses travaux fin avril. Elle n'a pas exclu d'intégrer des membres des associations de victimes, si certains en manifestaient la volonté.

Face au scepticisme de nombreuses associations doutant de son indépendance elle a répondu: «Je suis aussi une catholique libre dans ses décisions et cette liberté ne m'a pas été enlevée mais au contraire, on m'a confirmé que je devrais dire ce que je pense.»

L'Autriche connaît une vague sans précédent d'accusations d'abus sexuels au sein des institutions catholiques qui accueillent des élèves.

La plupart des affaires remontent aux années 1970 et 1980, mais leurs auteurs n'ont jamais été jugés et ils ont souvent été simplement mutés dans d'autres diocèses lorsque les victimes ou leur famille menaçaient de plaintes.

Ces événements accélèrent l'hémorragie de fidèles que connaît l'Eglise catholique dans la république alpine. Le diocèse de Feldkirch (ouest) a enregistré plus de défections en trois mois en 2010 que lors de toute l'année 2008, rapporte l'agence APA.

Près de la moitié des Autrichiens (44%) compte cependant assister à la messe de Pâques, selon un sondage de l'institut GfK Austria.