La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton est arrivée mardi à Mexico, accompagnée du chef des armées des États-Unis et des ministres de la Défense et de la Sécurité intérieure, pour confirmer que les deux pays ont une «responsabilité commune» dans la lutte contre les cartels de la drogue.

D'étroites mesures de sécurité entourent ce voyage. L'aéroport de Mexico était même interdit à la presse pour l'arrivée de Mme Clinton, accompagnée du secrétaire à la Défense Robert Gates, de l'amiral Mike Mullen, chef d'état-major interarmes des États-Unis, et de la secrétaire à la Sécurité intérieure Janet Napolitano.

«C'est une des équipes les plus impressionnantes envoyées dans une réunion à l'étranger pendant ce gouvernement», ce qui souligne «la priorité» que le président Barack Obama attribue à la «relation avec le Mexique», a déclaré Mme Clinton lors d'une première réunion avec les autorités mexicaines, selon le département d'État.

«Les États-Unis et le Mexique ont une des relations bilatérales les plus étroites au monde», a-t-elle insisté en ouvrant ces entretiens fermés aux médias.

Ce voyage sous haute sécurité intervient il est vrai une semaine seulement après les meurtres d'une employée américaine du consulat américain et de son mari, américain lui aussi, à Ciudad Juarez, à la frontière du Mexique, face à El Paso, au Texas.

Le FBI américain avait aussitôt envoyé des agents pour enquêter sur place sur cette attaque sans précédent contre des représentants des États-Unis au Mexique.

Il s'agissait de vérifier si les tueurs - le gang des «Aztèques» selon les autorités des deux pays - visaient spécifiquement les Américains ou si le couple et le mari mexicain d'une autre employée du consulat n'étaient que des victimes collatérales de la guerre entre les cartels pour le contrôle du trafic et de l'approvisionnement du marché américain, premier client mondial de la cocaïne.

Ces affrontements sanglants ont fait plus de 15 000 morts ces trois dernières années dans l'ensemble du pays.

Les dernières semaines ont été particulièrement meurtrières, avec plus de 100 morts le week-end du 14 mars, en particulier à Ciudad Juarez mais aussi à Acapulco, la station balnéaire de la côte sud, sur l'océan Pacifique.

Au Mexique, le déploiement massif de l'armée suscite des critiques de l'opposition et des plaintes des populations locales contre les abus, voire les «bavures» des militaires.

Lundi soir, les deux présidents, Barack Obama et Felipe Calderon, ont anticipé sur les entretiens de Mexico: ils se sont confirmé au téléphone leur «désir mutuel de travailler ensemble à la sécurité des citoyens des deux pays de chaque côté de la frontière commune».

M. Obama et Mme Clinton avaient déjà reconnu l'an dernier la «responsabilité partagée» des États-Unis dans le développement du trafic de drogue, d'armes et d'argent clandestin entre les deux pays.

Mme Clinton a insisté d'entrée sur l'importance du programme dit de «l'Initiative de Merida», voté en 2008 par le Congrès des États-Unis pour intensifier la coopération dans la lutte contre les cartels avec le Mexique, l'Amérique centrale et les Caraïbes.

Merida «nous aide à construire une relation encore plus étroite pour améliorer la sécurité de nos citoyens et faire avancer notre programme commun», a-t-elle souligné.

Ce programme de lutte contre les cartels de la drogue prévoit une aide de 1,6 milliard de dollars en trois ans à la région, dont plus de 1,3 milliard au Mexique et le reste à l'Amérique centrale et aux Caraïbes.