Un dissident Américain d'origine birmane, condamné en février à Rangoun à une peine de trois ans de prison ferme, a été libéré par la junte jeudi et immédiatement expulsé, a-t-on appris de sources officielles birmanes et américaine.

Kyaw Zaw Lwin, alias Nyi Nyi Aung, arrêté en septembre 2009 à l'aéroport de Rangoun, avait été condamné pour faux et usage de faux, non-déclaration de devises étrangères et infractions aux lois sur l'immigration.

Il a été directement conduit de la prison d'Insein, où il était détenu, à l'aéroport de Rangoun, selon un responsable birman. Il devait atterrir en fin de journée à Bangkok.

«Nous pouvons confirmer que Kyaw Zaw Lwin a été libéré de prison et qu'il a quitté le pays,» a indiqué à l'AFP Drake Weisert, porte-parole de l'ambassade américaine. «Nous nous félicitons de ce développement».

Plus de cinquante parlementaires américains avaient exigé sa libération en décembre, jugeant que ses «activités non-violentes et de longue haleine en faveur de la liberté et de la démocratie» en Birmanie étaient la véritable raison de son arrestation.

L'accusé rendait visite à sa mère, elle-même détenue pour activités politiques, lorsqu'il a été arrêté.

Il avait été accusé par la presse officielle d'avoir envoyé de l'argent, des téléphones satellite et d'autres équipements à des groupes de l'opposition pendant et après les violentes manifestations de 2007, connues sous le nom de «révolte safran».

Agé de 40 ans, il avait observé en décembre une grève de la faim pour protester contre les conditions de détention des détenus politiques.

La junte n'a pas donné d'explications sur les fondements légaux de son expulsion. Son avocat, Nyan Win, par ailleurs défenseur de l'opposante Aung San Suu Kyi, a indiqué à l'AFP que l'appel du dissident contre sa condamnation avait été rejeté jeudi matin par une cour de Rangoun.

La junte a procédé à plusieurs arrestations ces derniers mois, une tendance dénoncée par les groupes de défense des droits de l'Homme comme la volonté de réprimer toute forme de dissidence avant les élections, promises cette année à une date encore inconnue.

Le régime militaire a été très vivement critiqué ces derniers jours après avoir promulgué plusieurs lois préparant ces élections, les premières depuis 20 ans, que la communauté internationale - et notamment les États-Unis - dénoncent comme dépourvues de crédibilité.

Washington a entrepris un dialogue avec la junte l'an passé, jugeant que les seules sanctions économiques n'avaient donné aucun résultat depuis plus de dix ans. Plusieurs diplomates américains ont cependant estimé ces dernières semaines que les fruits de ce dialogue étaient décevants.