Le pape Benoît XVI a apporté son «soutien» à l'Eglise allemande pour la façon dont elle affronte les actes pédophiles commis en son sein, a indiqué vendredi le président de cette conférence épiscopale, Mgr Robert Zollitsch.

Benoît XVI a en revanche le même jour fermement écarté toute remise en cause du célibat des prêtres, au moment où la vague de scandales pédophiles touchant l'Eglise en Europe du Nord relance le débat sur la question. Devant une assemblée de religieux et théologiens il a réaffirmé le caractère «sacré» du célibat, signe de «la consécration toute entière (des prêtres) au Seigneur».

Après un évêque autrichien et des théologiens, l'archevêque autrichien de Salzbourg, Mgr Alois Kothgasser, a appelé vendredi «l'Eglise (à) se demander si elle peut entretenir ce mode de vie» alors que «les temps et la société ont changé».

Mgr Zollitsch a été reçu «en tête-à-tête» par son compatriote Benoît XVI pendant «environ 45 minutes» après le scandale retentissant de pédophilie au sein de l'Eglise allemande, qui touche même un choeur de Ratisbonne dirigé pendant 30 ans par le frère du pape.

«Je veux répéter ici à Rome les excuses que j'ai déjà exprimées» en Allemagne, a déclaré Mgr Zollitsch lors d'une conférence de presse.

Remerciant le pape pour son «soutien», il a indiqué que Benoît XVI avait été «très ému» de son récit. Mgr Zollitsch lui a fait part de «l'émotion» des évêques allemands face à ces abus sur lesquels «toute la lumière doit être faite» car «les victimes y ont droit».

«Nous sommes prêts à assumer nos responsabilités», a dit Mgr Zollitsch, tout en soulignant que la pédophilie ne concernait «pas seulement» l'Eglise catholique. «Il n'y a pas d'autre groupe en Allemagne qui ait pris des mesures aussi claires depuis huit ans», s'est-il satisfait, soulignant que son pays était «le seul, avec l'Autriche», à l'avoir fait.

Jeudi d'ailleurs, l'Eglise protestante a annoncé que cinq membres du personnel d'un internat de Gaienhofen, près du lac de Constance, avaient été licenciés pour des abus sexuels dans les années 1960.

Parmi les mesures prises par l'épiscopat, le pape s'est dit «très satisfait» de la récente «nomination d'un évêque référent spécial» sur les abus sexuels perpétrés sur des mineurs dans le cadre de l'Eglise, l'évêque de Trêves, Mgr Stephan Ackermann.

L'Eglise allemande fait l'objet depuis janvier d'une série d'accusations d'abus sexuels et de violences dans des écoles et internats dans les années 1970 et 1980, ce qui a provoqué l'ire du gouvernement à Berlin.

Le scandale a même touché les petits chanteurs de la chorale de Ratisbonne, dirigée pendant une trentaine d'années par le frère du pape, Mgr Georg Ratzinger. L'évêque Gerhard Ludwig M-ller a affirmé jeudi à Rome qu'il n'y avait qu'un cas vérifié, antérieur à la direction de Mgr Ratzinger.

Le cas précis de Ratisbonne «n'a pas été abordé car j'ai trop peu d'informations sur cette question, dont s'occupe le diocèse» concerné, a assuré Mgr Zollitsch.

Les scandales touchent aujourd'hui 19 des 27 diocèses catholiques en Allemagne. L'Eglise a promis de faire la lumière sur toutes les accusations, «y compris celles pour lesquelles les faits sont désormais prescrits».

D'autres abus commis par des prêtres ont été dénoncés récemment en Autriche et aux Pays-Bas et un cas a été révélé vendredi dans le nord de l'Italie.