Le procès des membres présumés d'une cellule du réseau Al-Qaeda accusés d'avoir organisé depuis la Belgique le recrutement de volontaires pour le jihad et d'avoir préparé des attentats s'est ouvert lundi à Bruxelles, sous haute surveillance policière.

Sept personnes avaient été arrêtées lors d'un coup de filet à Liège et à Bruxelles en décembre 2008, alors que les services de renseignement craignaient à l'époque un attentat.

Les interpellations s'étaient déroulées à quelques heures d'un sommet de l'Union européenne à Bruxelles qui avait failli être annulé.

Ces sept personnes comparaissent depuis lundi et jusqu'à la fin du mois devant le tribunal correctionnel de Bruxelles.

Bien qu'aucun projet précis d'attentat n'ait été identifié par les enquêteurs, ni aucun explosif découvert, les accusés risquent jusqu'à dix ans de prison pour «appartenance à un groupe terroriste».

Malika El Aroud, une Belge d'origine marocaine de 50 ans, est la figure centrale de ce dossier. À l'audience, elle ne portait pas de foulard «car on le lui interdit», a expliqué son avocate, Fernande Motte de Raedt.

«Malika est très religieuse, elle pense que les attentats sont une insulte à l'islam. Mais elle juge que la guerre en Afghanistan est défensive et elle dit que, si elle était un homme, elle partirait se battre», a ajouté l'avocate en marge de l'audience.

Si Malika El Aroud n'a pas elle même pris les armes contre les Américains, elle est accusée d'avoir incité quatre jeunes Belges et deux jeunes Français à partir en Afghanistan ou au Pakistan pour apprendre à combattre.

Considérée comme une des plus influentes propagandistes du jihad sur internet, elle est connue du grand public pour avoir été l'épouse de l'auteur de l'attentat suicide ayant tué, en septembre 2001, le commandant Massoud, chef de la lutte anti-talibans en Afghanistan.

Acquittée par la justice belge en 2003 dans le procès du Tunisien Nizar Trabelsi, qui projetait de commettre un attentat suicide contre une base américaine en Belgique, elle a été condamnée en 2007 par la justice suisse pour soutien à une organisation criminelle, en l'occurence pour son activisme sur Internet.

Le grand absent du procès n'est autre que le second mari de Malika El Aroud, Moez Garsallaoui. C'est lui qui, selon l'accusation, prenait en charge en Turquie et au Waziristan, la zone tribale à la frontière afghano-pakistanaise, les volontaires recrutés en Belgique ou en France. Probablement encore dans la région, il est jugé par contumace.

Parmi les prévenus bien présents figure Hicham Bayayo, un jeune Bruxellois «convaincu par Moez Garsallaoui de prendre part au jihad», selon les enquêteurs. De retour en Belgique fin 2008, il avait laissé une vidéo laissant entendre qu'il allait commettre un attentat suicide.

Ce que conteste son avocat, Alain Vergauwen. «Oui, mon client a bien envisagé de combattre en Afghanistan, et il y avait un risque qu'il ne revienne pas. Mais il n'a jamais projeté de commettre un attentat», a déclaré à l'AFP Me Vergauwen