Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et la chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton se sont retrouvés lundi mêlés à une controverse sur la nomination du nouvel ambassadeur de l'UE à Washington, critiquée par certains pays.

La semaine dernière, M. Barroso a désigné son ancien chef de cabinet, Joao Vale de Almeida, un haut fonctionnaire européen, Portugais comme lui, au poste très convoité de chef de la délégation de l'Union européenne dans la capitale américaine. Une fonction revue en hausse par le traité de Lisbonne entré en vigueur en décembre.

Le haut fonctionnaire remplace à ce poste un ancien premier ministre irlandais, John Bruton, qui avait quitté ses fonctions en octobre 2009.

Le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, a ouvertement critiqué la procédure, regrettant que M. Barroso ait agi de son propre chef, sans que Mme Ashton consulte au préalable les États de l'UE, et laissant entendre qu'on aurait pu trouver une personnalité d'un plus grand calibre.

«Il y a eu clairement une décision de la Commission européenne de revoir en baisse» le profil du poste, s'est plaint lundi M. Bildt devant la presse, en marge d'une réunion avec ses homologues de l'Union européenne, après avoir écrit une lettre à ce sujet à tous ses collègues.

«Je ne suis pas vraiment certain que cela soit en conformité avec les ambitions du traité de Lisbonne» et que cela ait été «la bonne chose à faire», a en outre estimé M. Bildt.

La Suède juge en effet que M. Barroso et Mme Ashton auraient dû respecter l'esprit du traité de Lisbonne prévoyant que les États de l'UE soient consultés pour ces postes prévus dans le tout nouveau service diplomatique européen, le Service d'Action Extérieure, en cours de création.

Une trentaine de postes importants doivent être pourvus prochainement en son sein. Ils sont l'objet d'une âpre compétition entre la Commission européenne et les États, mais aussi entre les différents États. Les nouveaux pays membres de l'UE notamment, en Europe de l'Est, redoutent d'être laissés pour compte.

La procédure choisie pour la désignation de l'ambassadeur à Washington n'a pas été non plus du goût de la France.

Le secrétaire d'État français aux affaires européennes, Pierre Lellouche, l'a fait savoir lundi à Mme Ashton. Il a annoncé qu'il écrirait lui aussi une lettre pour préciser que la France souhaitait «l'application de tout le traité, mais rien que le traité» et donc «que les États soient consultés».

Mme Ashton a reconnu que «deux ou trois États auraient aimés être plus impliqués» dans la nomination, tout en affirmant avoir suivi la «bonne procédure»: elle argue que le poste était vacant depuis octobre 2009, soit avant l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne.

Mme Ashton a aussi rejeté les critiques sur le profil du futur ambassadeur. «C'est moi qui ai pris la décision», a-t-elle dit, et les États-Unis sont «tout à fait enchantés».

Une manière pour elle de chercher à dissiper le soupçon selon lequel elle se serait vu imposer ce choix par un José Manuel Barroso soucieux de placer un proche à ce poste diplomatique sensible, alors qu'elle peine elle-même à s'imposer sur la scène européenne, trois mois après sa désignation.