La Maison-Blanche est restée ferme vendredi face à la colère de la Chine en rejetant la demande de Pékin d'annuler la rencontre prévue la semaine prochaine à Washington entre le président Barack Obama et le dalaï lama, le leader spirituel tibétain en exil.

«Je ne sais pas si leur réaction a été de (demander) d'annuler» la réunion, a affirmé le porte-parole de la présidence américaine, Robert Gibbs, interrogé lors de son point-presse quotidien sur la réaction de Pékin à l'annonce de cette visite, jeudi prochain à la Maison-Blanche.

«Si cela a été leur réaction, la rencontre aura lieu comme prévu jeudi prochain», a-t-il ajouté.

Plus tôt vendredi, la Chine avait exhorté les États-Unis à annuler la rencontre pour éviter d'envenimer des relations déjà tendues entre les deux pays.

«Nous exhortons les États-Unis à comprendre le caractère très sensible des questions tibétaines, à respecter scrupuleusement leur engagement envers l'appartenance du Tibet à la Chine et leur opposition à l'«indépendance tibétaine» », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ma Zhaoxu.

La Chine exhorte également Washington à «annuler immédiatement la décision erronée de rencontre entre le président Obama et le dalaï lama», a-t-il poursuivi.

M. Ma a rappelé l'opposition de son pays à «toute rencontre entre des dirigeants américains et le dalaï lama», déjà exprimée les jours précédents. La Chine a «déjà émis une protestation formelle auprès des États-Unis au sujet de cette décision», a précisé M. Ma.

Jeudi, M. Gibbs a révélé la date de la rencontre prévue entre le président américain, Prix Nobel de la Paix en 2009, et celui qui avait reçu la même distinction 20 ans auparavant.

Le leader tibétain, qui s'est exilé en Inde en 1959, n'avait pas été reçu par M. Obama lors d'un précédent passage aux États-Unis en octobre dernier, afin de ménager Pékin avant la première visite d'Obama en Chine un mois plus tard.

Cette concession avait valu à M. Obama les critiques des défenseurs des droits de l'homme. Le leader tibétain débute mercredi une visite d'une semaine aux États-Unis, où il bénéficie d'une forte popularité.

«Le dalaï lama est un dirigeant religieux respecté internationalement. C'est un porte-parole des droits des Tibétains. Le président souhaite une rencontre intéressante et constructive», avait déclaré M. Gibbs, qui assure depuis des semaines que M. Obama avait fait part aux dirigeants chinois, lors de sa visite à Pékin, de sa décision de rencontrer le leader tibétain.

Les relations entre les deux grandes puissances se sont brutalement dégradées ces dernières semaines.

La Chine, qui considère Taïwan comme une province rebelle, a suspendu fin janvier ses échanges militaires avec les États-Unis et annoncé des «sanctions appropriées», mais non précisées, «envers les sociétés américaines impliquées» après que l'administration Obama eut scellé un contrat d'armement de plus de 6,4 milliards de dollars avec Taipei.

Les deux pays ont aussi un certain nombre de querelles commerciales à régler, comme la menace de Google de quitter la Chine en raison d'attaques informatiques massives dirigées notamment contre des courriels de dissidents, ou d'approches diplomatiques différentes, notamment sur le dossier du nucléaire iranien.

La question tibétaine est un sujet récurrent de frictions entre Pékin et les puissances occidentales. Pékin assure que le Tibet fait partie de la Chine depuis le XIIIe siècle, une affirmation contestée par le gouvernement tibétain en exil.