Jean Paul II avait écrit une lettre de démission en cas d'empêchement majeur d'exercer sa fonction de pape, a affirmé mardi le «postulateur» (défenseur, ndlr) de la cause de béatification du prédécesseur de Benoît XVI, Mgr Slawomir Oder.

Cette lettre, jusqu'ici inédite, est publiée dans le livre Pourquoi il est saint, le vrai Jean Paul II, écrit par le prélat polonais avec le journaliste Saverio Gaeta et présenté au cours d'une conférence de presse la veille de sa sortie en librairie en Italie. Le récit se fonde sur les 114 témoignages recueillis dans le cadre du processus de béatification du pape polonais. Le courrier, écrit en italien, est daté du 15 novembre 1989. Le pape y déclare vouloir «renoncer» à ses fonctions «en cas de maladie, qu'on estime incurable, de longue durée et qui (l)'empêche d'exercer suffisamment les fonctions de (son) ministère apostolique, ou dans le cas d'un autre empêchement grave et prolongé».

Le pape avait laissé la décision finale à un groupe de cardinaux, qui n'en ont jamais fait usage pendant sa longue maladie.

Dans un autre texte, de 1994, «sans doute destiné à être lu car les accents toniques y sont inscrits», a relevé Saverio Gaeta, le pape faisait part de sa décision de «suivre les dispositions et l'exemple de Paul VI» et de ne pas renoncer à sa charge une fois atteint l'âge de 75 ans, âge canonique de la retraite pour les évêques. «Je ressens comme une importante obligation de conscience le devoir de continuer à remplir la tâche à laquelle le Christ m'a appelé», disait-il.

«Il n'y a pas de place dans l'Église pour un pape émérite» (honoraire, ndlr), avait-il également déclaré au chirurgien qui venait de l'opérer pour une fracture du col du fémur, également en 1994.

Par ailleurs, quelque temps avant l'attentat dont il avait été victime le 13 mai 1981 sur la place Saint-Pierre de Rome, «les services secrets italiens avaient signalé l'existence d'un projet d'enlèvement de Jean Paul II par les terroristes des Brigades Rouges», écrit le postulateur.

«C'est peut-être pour cela qu'aussitôt après avoir été blessé, le pape a fait cette réflexion à son secrétaire don Stanislaw: "comme pour Bachelet", faisant allusion au vice-président catholique du Conseil supérieur de la magistrature assassiné à Rome par les brigadistes le 12 février 1980».

Jean Paul II se flagellait

Le livre confirme également que Jean Paul II s'infligeait des châtiments corporels, comme en ont déjà fait état certaines publications. «Comme ont pu l'entendre de leurs propres oreilles des membres de son entourage, en Pologne comme au Vatican, Jean Paul II se flagellait», écrit Mgr Oder.

Le 19 décembre, Jean Paul II a été proclamé «vénérable», dernière étape avant la béatification, par Benoît XVI.

Certains médias ont affirmé que la béatification pourrait intervenir au printemps 2010, cinq ans après son décès le 2 avril 2005, ou en octobre 2010, Jean Paul II ayant été élu à la tête de l'Eglise catholique le 16 octobre 1978.

«La cause de la béatification est en bonne voie mais il n'y a aucune certitude» sur sa date, a déclaré Mgr Slawomir Oder.