La Libye s'est défendue jeudi d'avoir «enlevé» les deux Suisses retenus sur son territoire depuis 15 mois et a protesté contre une politique européenne de visa restrictive envers ses ressortissants.

La Libye s'est défendue jeudi d'avoir «enlevé» les deux Suisses retenus sur son territoire depuis 15 mois et a protesté contre une politique européenne de visa restrictive envers ses ressortissants.

Max Göldi, chef de la filiale du groupe d'ingénierie ABB, et Rachid Hamdami, responsable d'une PME vaudoise (ouest), avaient été assignés à résidence en Libye en juillet 2008 après l'arrestation musclée à Genève d'un fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi, Hannibal, et de son épouse enceinte, Aline, sur plainte de deux domestiques qui ont accusé leur employeur de mauvais traitements.

À la mi-septembre, ils avaient été transférés dans un lieu tenu secret par Tripoli, une opération qualifiée de «kidnapping» par Berne, avant d'être remis lundi à leur ambassade à Tripoli.

«Les deux ressortissants suisses n'ont pas été enlevés ni ont disparu», a déclaré à l'AFP Khaled Kaïm, vice-ministre libyen des Affaires étrangères, dans une première réaction des autorités libyennes à l'annonce par Berne du transfert des deux hommes d'affaires suisses à l'ambassade de Suisse.

«Leur transfert a été décidé à la suite notamment d'informations de médias suisses, faisant état d'une possible opération commando pour les faire fuir» de Libye, a-t-il dit, ajoutant que Tripoli avait adressé une note diplomatique à l'ambassade suisse pour lui expliquer les raisons de cette mesure.

Le transfert des deux hommes à l'ambassade de Suisse a été présenté par les autorités de Berne comme un premier succès des mesures qu'elles ont prises, dont la suspension d'un accord de normalisation bilatérale signé par le président Hans-Rudolf Merz et la limitation de l'attribution de visas aux Libyens.

À ce propos, le responsable libyen, critiquant une «solidarité systématique et programmée» avec Berne, a dénoncé une politique européenne limitant l'attribution de visas Schengen aux Libyens, dont des responsables.

La Libye a protesté auprès des pays européens. «Nous attendons leurs réponses mais si cette mesure se poursuivait, nous les traiterons de la même manière», a averti M. Kaïm.

Il a aussi souligné que l'affaire des deux Suisses n'avait «rien à voir» avec celle de Hannibal Kadhafi. «En liant les deux affaires, Berne a porté préjudice aux négociations bilatérales», selon lui.

Berne affirme que les deux Suisses auraient dû rentrer dans leur pays avant le 20 octobre conformément à l'accord signé par M. Merz et suspendu depuis.

Mais, a affirmé M. Kaïm, «notre seule promesse était d'accélérer les procédures judiciaires les concernant».

Les deux Suisses sont entrés en Libye avec des visas touristiques tout en menant des activités commerciales sujettes à l'impôt, a-t-il dit. Leurs visas ayant expiré, «ils n'ont même pas déposé une demande de permis de séjour».

M. Kaïm a invité les deux hommes, dont le séjour en Libye est jugé illégal, «à quitter l'ambassade et à rentrer chez eux» à Tripoli, précisant qu'ils recevraient prochainement un courrier les informant des procédures judiciaires à leur encontre.

Le responsable libyen a dans le même temps accusé la presse suisse d'«envenimer la crise», notamment en publiant début septembre des photos d'identité judiciaire d'Hannibal Kadhafi datant de son arrestation à Genève.

«Le vol de ces photos est un crime» qui n'a suscité «aucune réaction des autorités ou de la justice suisses», a-t-il déploré.