Des députés iraniens ont annoncé samedi leur rejet du projet soutenu par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) d'enrichissement d'uranium iranien à l'étranger.

Une annonce qui laisse craindre que le régime de Téhéran, qui traîne les pieds pour prendre une décision, ne finisse par le rejeter officiellement à son tour.

Alaeddin Boroujerdi, qui dirige la Commission à la sécurité nationale du parlement iranien, a déclaré à l'agence semi-officielle ISNA que les députés étaient totalement contre le projet de transférer de l'uranium faiblement enrichi en échange de combustible nucléaire.

Le projet exigerait de l'Iran qu'il envoie d'ici la fin de l'année 70% de ses stocks d'uranium faiblement enrichi en Russie, où il serait alors enrichi à 20%, puis en France, pour revenir sous forme de combustible uniquement utilisable dans le réacteur de recherche de Téhéran qui produit des isotopes médicaux. De cette façon, le régime ne disposerait plus, momentanément, de la quantité d'uranium nécessaire à la production de minerai enrichi à 90%, pour l'éventuelle fabrication d'une bombe nucléaire.

«Nous sommes totalement opposés à la proposition d'envoyer de l'uranium enrichi à 3,5% en échange de combustible enrichi à 20%», a déclaré Alaeddin Boroujerdi, réaffirmant la ligne de Téhéran, selon laquelle «l'option privilégiée est d'acheter du combustible (...) Il n'y a pas de garanties qu'il nous donneront du combustible (...) en échange d'uranium enrichi. Nous ne pouvons pas avoir confiance dans l'Occident», a-t-il ajouté.

Un autre député de premier plan, Kazem Jalali, a lui aussi estimé que Téhéran n'avait pas suffisamment de garanties, et a estimé que d'imposer des conditions à l'Iran pour la fourniture de carburant à son réacteur était inacceptable. «L'approche occidentale face aux demandes iraniennes de carburant ne fait que renforcer la détermination de l'Iran à poursuivre son programme nucléaire pacifique», a-t-il ajouté, selon l'agence officielle IRNA.

Et d'ajouter que Téhéran n'avait pas confiance en Paris, à cause du contentieux Eurodif: «L'Iran est actionnaire d'Eurodif, mais ne peut bénéficier de ses droits. Cela prouve que les Français ne sont pas fiables».