Bien sûr, il y a Aung San Suu Kyi, la leader de l'opposition birmane, récemment condamnée à 18 mois supplémentaires d'assignation à résidence, mais il y a aussi les Birmans ordinaires, notamment ceux des minorités ethniques, pauvres, sous-instruits, qui voient tous les jours leurs droits bafoués ou leurs terres confisquées. Pour eux, il y a plus pressant que la tenue d'élections.

«Avant toute chose, le gouvernement doit retirer ses troupes des territoires des minorités ethniques. Ainsi, les gens pourront reprendre leurs droits.»

 

Saw Kweh Say, Birman d'origine karen, réfugié en Thaïlande depuis 25 ans, dirige aujourd'hui l'organisme Burma Issues. Il constate que Aung San Suu Kyi et la libération de prisonniers politiques monopolisent la plupart des nouvelles qui émergent de cet État d'Asie du Sud-Est. La population, elle, ne rêve pas que d'élections libres et du départ de la junte militaire.

«Quand le gouvernement parle de développement, il construit des routes, des ponts, mais pour les gens, il ne s'agit pas de développement dont ils profitent. Ce qu'ils veulent, c'est pouvoir vivre librement, dans leur communautés, sur leurs terres. C'est plus important pour eux que des élections.»

Les militants des droits de la personne de Burma Issues se rendent dans les zones rurales pour informer les paysans birmans de leurs droits et les inviter à leur communiquer des informations sur les violations des droits de la personne.

«Quand on visite les villages en Birmanie, il n'y a pas de jeunes. Ils sont tous partis en Thaïlande pour gagner leur vie», dit Saw Kweh Say.

Le militant, de passage à Montréal à l'invitation de l'organisme CUSO-VSO pour donner une conférence ce soir au Palais des congrès, voit d'un bon oeil la nouvelle approche américaine qui veut renouer le dialogue avec la junte militaire au pouvoir.

Sanctions inefficaces

Les sanctions à l'égard de la Birmanie ne sont pas levées, mais Washington a annoncé qu'il entreprendra des discussions avec les dirigeants birmans. La seule imposition de sanctions n'a pas suffi à obtenir des réformes démocratiques en Birmanie, a reconnu Washington.

L'été dernier, en vue des élections de 2010, l'armée a repris l'offensive contre les territoires ethniques des Karens et des Kokangs pour préserver «la stabilité de l'État». Washington a demandé, en août, au gouvernement birman de cesser les combats et d'entamer un «véritable dialogue» avec ses minorités ethniques.

«Si on veut vraiment changer le système, il faut une discussion entre le régime militaire, les partis politiques et les minorités ethniques», croit Saw Kweh Say.

 

Qu'arrive-t-il à Aung San Suu Kyi?

Condamnée le 11 août dernier à 18 mois supplémentaires d'assignation à résidence, la chef de file de l'opposition birmane, Aung San Suu Kyi, a échoué la semaine dernière dans sa tentative d'en appeler de cette sanction, malgré les protestations véhémentes de la communauté internationale. Samedi dernier, elle a rencontré pendant une heure un officier de liaison de la junte au pouvoir. La Dame de Rangoon, Prix Nobel de la paix, a proposé à la junte de travailler à la levée des sanctions internationales imposées au pays.