Les accusations de parti pris contre l'envoyé spécial de l'ONU en Afghanistan au cours de la récente élection présidentielle ont «gravement entamé» la crédibilité de l'ONU, a estimé samedi l'un des principaux candidats, Abdullah Abdullah.

Cet ancien ministre des Affaires étrangères juge que de «graves questions» sont posées sur le rôle du chef de l'ONU en Afghanistan, Kai Eide, pendant le scrutin du 20 août, entaché par de nombreuses accusations de fraudes, en faveur notamment du président sortant et favori du scrutin Hamid Karzaï.

L'ancien adjoint de M. Eide, l'Américain Peter Galbraith, a déclaré après avoir été renvoyé cette semaine que son patron avait refusé de diffuser des informations portant sur des fraudes électorales «très vastes», même aux ambassadeurs étrangers en poste à Kaboul.

Les agissements de M. Eide semblent prouver son soutien à Hamid Karzaï, a souligné M. Abdullah lors d'une conférence de presse à Kaboul.

Si ce dernier n'a pas demandé la démission ou une sanction contre le représentant de l'ONU, jugeant que c'était aux Nations Unies de décider de son avenir, il s'est interrogé sur l'absence d'enquête au sein de l'ONU.

«Dans des circonstances normales, des accusations, des affirmations et des récusations de ce type contre un haut représentant de l'ONU entraîneraient une enquête interne de l'ONU. Cela n'est pas le cas», a-t-il déclaré.

«En ce qui me concerne, il n'y a aucun doute dans mon esprit que cela a gravement entamé la crédibilité de l'ONU en Afghanistan. (...) Le rôle des Nations unies a toujours été respecté par la plupart des parties - je n'inclus pas les talibans - dans ce pays. (...) Mais, à ce stade, une attitude de parti pris n'est pas acceptable», a-t-il ajouté.

Selon des résultats préliminaires de l'élection présidentielle, Hamid Karzaï est en tête avec près de 55% des voix, contre quelque 28% à Abdullah Abdullah. Les résultats définitifs ne seront connus qu'après la fin des multiples enquêtes pour fraude en cours.

Si ces enquêtes débouchaient sur un grand nombre d'annulations de voix, M. Karzaï pourrait passer sous le barre des 50%, le forçant à disputer un second tour face à M. Abdullah, que ce dernier appelle de ses voeux.

L'ancien ministre des Affaires étrangères a prévenu qu'il surveillerait les enquêtes jusqu'au bout et qu'il n'accepterait pas un résultat dicté par la fraude.

Pour lui, «une vision à court terme et des accords en coulisses» ont mené à cette «mise en scène» qui a nuit au processus démocratique. Il a appelé au respect de la loi, «ou bien la fraude gouvernera l'Afghanistan pour les cinq années à venir».