Les négociations russo-américaines sur la réduction des armements nucléaires stratégiques ont repris lundi matin à Genève, quelques jours après la décision de Washington de renoncer à son bouclier anti-missiles en Europe, question qui, selon les spécialistes, entravait le processus.

«Les négociations ont repris peu après 5H00 HAE dans l'enceinte de la mission russe» auprès de l'ONU, a indiqué à l'AFP une source diplomatique russe. «Cette fois, elles vont durer plus longtemps que d'habitude avec des délégations importantes pour chaque partie», a précisé cette source, soulignant que les six précédents rounds destinés à prolonger le traité sur la réduction des arsenaux nucléaires russes et américains (START 1), qui arrive à expiration le 5 décembre, avaient duré au maximum trois-quatre jours.

Russes et Américains ont relancé les négociations sur START au point mort durant l'administration Bush, à la faveur de l'arrivée d'une nouvelle administration aux États-Unis décidée à améliorer ses relations avec Moscou.

Ils se sont engagés à trouver un nouvel accord d'ici la fin de l'année, mais les discussions se sont avérées plus compliquées qu'annoncé, notamment en raison du projet américain de déployer un bouclier anti-missile en Pologne et en République tchèque, perçu par Moscou comme une menace pour sa sécurité.

L'annonce par Washington d'abandonner ce projet, saluée par la Russie, pourrait donc, selon les experts, faciliter le processus et expliquer la raison pour laquelle les négociateurs ont décidé de prendre leur temps cette semaine afin de faire vraiment avancer les choses.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a déjà mis la pression début septembre, promettant qu'«il y (aurait) de quoi dire sur la manière dont les négociations avancent» aux présidents américain et russe, Barack Obama et Dmitri Medvedev, lors de leur rencontre au sommet du G20 de Pittsburg les 24 et 25 septembre.

Les deux hommes doivent également avoir des entretiens bilatéraux en marge de l'Assemblée annuelle de l'ONU, mercredi.

Selon un influent parlementaire russe, la Russie envisagerait désormais une réduction de son arsenal nucléaire plus importante que celle annoncée par les deux chefs d'État à la suite de leur rencontre en juillet à Moscou.

Ces derniers avaient convenu d'abaisser dans une fourchette de 1500 à 1675 le nombre de têtes nucléaires stratégiques (contre 2200 au maximum aux termes du traité START de 1991). Moscou serait à présent prête à aller jusqu'à 1300.

Il n'en demeure pas moins que les négociateurs auront du pain sur la planche cette semaine puisque qu'ils doivent également régler un certain nombre d'autres paramètres tels que le nombre de vecteurs nucléaires qui seront maintenus dans les deux pays.

Le conseiller en politique étrangère Sergueï Prikhodko a prévenu qu'il serait déraisonnable de croire à un accord rapide. «Il reste des contradictions», a-t-il expliqué à la Presse.

Ce sixième round de négociations sur START à Genève intervient au moment où M. Medvedev effectue une visite de deux jours en Suisse, la première d'un chef d'État russe.