Barack Obama et son ministre de la Défense Robert Gates ont réfuté dimanche que le récent revirement opéré par Washington dans la défense antimissile en Europe soit une concession à ce que le président américain a appelé l'attitude «paranoïaque» de la Russie.

«Ce plan a toujours rendu la Russie paranoïaque, mais George W. Bush avait raison, cela ne représentait pas une menace pour elle», a dit M. Obama sur la chaîne CBS, qui lui demandait si l'abandon du projet antimissile de son prédécesseur devait susciter des contreparties russes.

«Mon travail ici ne consistait pas à négocier avec les Russes. Ce ne sont pas les Russes qui déterminent les questions touchant à notre défense», a-t-il dit.

Sa décision, a-t-il dit, a été dictée par les meilleurs moyens de protéger les États-Unis et leurs alliés européens.

«Si, par contrecoup, les Russes sont moins paranoïaques et plus disposés à coopérer efficacement avec nous face à des menaces comme les missiles iraniens ou le développement nucléaire en Iran, c'est un plus», a-t-il déclaré.

M. Obama a annoncé jeudi l'abandon du projet antimissile que M. Bush avait en Europe, opérant un changement stratégique majeur fondé selon lui sur une réévaluation de la menace iranienne. Le projet de M. Bush provoquait entre Washington et Moscou des tensions rappelant la Guerre froide.

Cette décision a immédiatement suscité de vives critiques chez les adversaires républicains de M. Obama, qui se sont inquiétés d'un acte de faiblesse face à la Russie, ou d'un marchandage.

Dans une chronique publiée par le New York Times. Le secrétaire à la Défense a noté que cette décision avait été interprétée à tort «comme une sorte de concession faite à la Russie».

Même s'il saluerait le fait que la Russie accueille favorablement le nouveau plan, cela ne change pas la réalité d'un système de défense antimissile américain pour l'Europe, a-t-il dit.

«Nous sommes en train de renforcer et non d'abandonner le système de défense antimissile en Europe», a-t-il dit.

M. Gates a défendu ce nouveau plan qui, selon lui, offre «plus de souplesse pour s'adapter, alors que de nouvelles menaces se développent et que les anciennes reculent». Le plan de M. Bush n'aurait pas été opérationnel avant au moins 2017 au plus tôt, a-t-il dit.

Le projet de la précédente administration américaine prévoyait d'installer d'ici à 2013 un radar puissant en République tchèque associé à dix intercepteurs de missiles balistiques de longue portée en Pologne.

Le nouveau projet verra le déploiement de navires Aegis équipés d'intercepteurs SM-3 dans une première phase et, dans une deuxième vers 2015, l'installation de SM-3 au sol.

M. Obama a justifié cette décision par les nouvelles technologies disponibles et par une réévaluation de la menace iranienne: celle-ci viendrait davantage des missiles de courte et moyenne portées.

M. Obama aura mercredi des entretiens bilatéraux avec son homologue russe Dmitri Medvedev en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York. Il devrait le recevoir à nouveau, en même temps que les dirigeants des pays avancés et des grandes économies émergentes, au sommet du G20 jeudi et vendredi à Pittsburgh.