Deux sénateurs américains ont appelé dimanche Washington à durcir le ton vis-à-vis de Tripoli après l'accueil triomphal réservé jeudi en Libye à Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi, condamné pour l'attentat de Lockerbie et libéré par l'Ecosse pour raisons médicales.

Le sénateur Joe Lieberman, une voix importante du Congrès sur les questions de politique étrangère et de sécurité, a estimé que cet accueil représentait «un véritable camouflet pour la cause anti-terroriste» et plaçait les relations américaines avec la Libye «de nouveau en mauvaise posture».

«Il ne faut pas s'attendre à ce que le président (Barack) Obama rencontre (le dirigeant libyen Mouammar) Kadhafi à l'Assemblée générale de l'ONU en septembre», a-t-il affirmé sur la chaîne CNN.

M. Obama avait lui-même jugé «répréhensible» l'accueil en héros réservé à M. Megrahi, un Libyen libéré par l'Ecosse pour raisons médicales après avoir été condamné à la prison à vie pour l'explosion d'un avion de la Pan Am le 21 décembre 1988 au-dessus du village écossais de Lockerbie, tuant 270 personnes.

Le sénateur du Connecticut (nord-est) a par ailleurs réclamé une enquête sur la décision écossaise de relâcher l'homme atteint d'un cancer, et sur les allégations selon lesquelles sa libération était au coeur des contrats commerciaux conclus avec la Grande-Bretagne, qui a démenti samedi.

«Ces insinuations (...) sont choquantes», a affirmé M. Lieberman. «Je ne veux pas croire que c'est vrai mais ces rumeurs flottent dans l'air et j'espère que nos amis britanniques lanceront une enquête sur la décision par le ministère écossais de la Justice de libérer un meurtrier».

Le sénateur démocrate Ben Cardin a renchéri sur CNN en jugeant que le comportement de la Libye dans cette affaire méritait des «conséquences».

«Le terroriste ne montre pas de compassion et le libérer par compassion était la mauvaise chose à faire», a-t-il déclaré.