Le plus grand mystère continuait d'entourer samedi l'affaire du cargo Arctic Sea, localisé de sources concordantes au large du Cap-Vert deux semaines après avoir disparu avec son équipage russe, et pour lequel une rançon a été réclamée.

«Une demande de rançon, c'est-à-dire d'argent, a été envoyée à la société propriétaire du navire, Sol Chart Management, en Finlande», a indiqué samedi à l'AFP à Helsinki le chef du Bureau national d'enquêtes de la police finlandaise, Jan Nyholm.

Refusant de livrer plus de détails sur le sort du bateau et de son équipage, il a mis en avant la nécessité de «ne pas mettre l'enquête en péril», «la sécurité de chacun» et l'ampleur désormais internationale de l'affaire, dans laquelle la Finlande tient «en permanence informés plus de 20 pays».

Injoignable samedi, le patron de Sol Chart avait déclaré vendredi soir à l'AFP être «inquiet» pour l'équipage, mais avait assuré ne rien savoir de ce qui lui était arrivé.

Le montant de la rançon demandée serait de 1,5 million de dollars, selon le site Internet du Financial Times Deutschland. «Une information selon laquelle le montant (de la rançon demandée) s'élèverait à 1,5 million de dollars a été confirmée avec des réserves», a indiqué avec une grande prudence le site du quotidien.

La Russie, dont le président Dmitri Medvedev a lancé mercredi la marine sur les traces de l'Arctic Sea, se refusait toujours à confirmer le repérage du bateau dans l'Atlantique, au large des côtes africaines.

«Les données nécessaires pour rechercher et identifier le bateau sont vérifiées et revérifiées de la façon la plus minutieuse» a déclaré l'ambassadeur de Russie auprès de l'OTAN, Dmitri Rogozine.

«Le reste des informations, y compris les coordonnées d'emplacement du bateau, n'est pas susceptible d'être révélé», a-t-il dit à une télévision russe, mettant en avant les intérêts des opérations de recherche, pour lesquelles Moscou coopère avec l'OTAN, ainsi que la sécurité de l'équipage.

De son côté, l'ambassadeur russe à Praia, Alexandre Karpouchine, a réaffirmé à la chaîne de télévision russe Vesti que les autorités cap-verdiennes ne lui avaient «pas confirmé les informations selon lesquelles le bateau avait été localisé».

Parti de Finlande le 23 juillet à destination de l'Algérie, avec officiellement à son bord une cargaison de bois d'une valeur d'un peu plus d'un million d'euros, l'Arctic Sea n'a plus donné officiellement de nouvelles depuis son passage une semaine plus tard au large d'Ouessant (ouest de la France).

Vendredi, diverses sources militaires cap-verdiennes avaient déclaré que le navire avait été repéré à environ «400 milles» (740 km) au nord du Cap-Vert.L'information avait ensuite été confirmée par le Service français d'informations des armées (Sirpa-mer), faisant état d'un «survol» du bateau par «un avion portugais».

Samedi, une autre source de la hiérarchie militaire cap-verdienne a déclaré à l'AFP que «le bateau pourrait se trouver déjà au sud des îles du Cap-Vert, car il progresse toujours à une vitesse estimée entre 15 et 20 noeuds».

Une frégate russe faisait route samedi dans l'Atlantique, «vers le sud, probablement pour aller à la rencontre de l'Arctic Sea», a déclaré à l'AFP le porte-parole du Sirpa-mer, le capitaine Jérôme Baroé. «La version la plus plausible, même si on n'en est pas sûr à 100%, c'est que (le cargo) se trouve toujours au large du Cap-Vert», a-t-il ajouté

Acte de piraterie inédit dans les eaux européennes, règlement de comptes mafieux, conflit commercial ? Le flou entourant l'affaire, renforcé par la communication sibylline de toutes les autorités concernées, attise depuis deux semaines toutes les spéculations.

Avec une semaine de retard, la police suédoise avait fait état le 30 juillet d'un abordage de l'Arctic Sea en mer Baltique la nuit de son départ par des hommes masqués se présentant comme des policiers à la recherche de drogue, qui auraient quitté le navire au bout de quelques heures.

Mais la Commission européenne a fait état vendredi d'une seconde attaque, à une date non précisée, «au large du Portugal», qui n'aurait «rien à voir avec des actes de piraterie traditionnelle ou une attaque armée en pleine mer».