Ses détracteurs l'accusent d'être inefficace et ennuyeux. Mais les collaborateurs du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui arrive à la moitié de son mandat, attribuent ces critiques à la méconnaissance de l'homme et de ses missions.

Le Sud-coréen est la cible de nombreuses critiques, surtout dans les médias occidentaux, pour son approche des crises au Darfour, au Sri Lanka ou en Birmanie. La dernière flèche en date a été décochée par le Wall Street Journal qui la semaine dernière l'a qualifié «d'homme invisible de l'ONU».

De retour d'une visite en Birmanie début juillet, M. Ban se plaignait que les autorités birmanes aient refusé qu'il rencontre l'opposante Aung San Suu Kyi et ignoré ses appels à la libération des prisonniers politiques. Pour ses détracteurs, ces échecs montrent l'inefficacité de la diplomatie discrète du patron de l'ONU.

Pour Roberta Cohen, spécialiste des droits de l'homme à la Brookings Institution à Washington, M. Ban est «trop révérencieux» avec les gouvernements, surtout ceux des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Grande-Bretagne, France, Chine, Russie et Etats-Unis) «au lieu d'essayer d'entraîner la communauté mondiale à la défense de la protection des populations civiles».

«Trop souvent, ce secrétaire général s'est abstenu de prendre des positions vraiment fondées sur des valeurs et principes», juge Iain Levine, porte-parole de l'association Human Rights Watch. «Il ne doit pas oublier que sa principale obligation n'est pas envers les Etats membres --surtout les plus répressifs-- mais pour tous ceux dont les droits sont si souvent bafoués».

Abiodun Williams, ancien haut responsable de l'ONU travaillant pour l'institut United States Institute of Peace, reconnaît que M. Ban, 65 ans pourrait «certainement faire plus malgré les contraintes politiques, bureaucratiques et autres de cette fonction».

«La capacité de communiquer est une des qualités requises pour ce poste», a ajouté M. Williams tout en notant le rôle important joué par M. Ban sur le changement climatique.

La personnalité quelque peu effacée de l'ancien ministre sud-coréen des Affaires étrangères est souvent comparée à son désavantage au charisme de son prédécesseur, Kofi Annan.

Mais les proches collaborateurs de M. Ban qualifient ces critiques d'injustes et le décrivent comme un forcené du travail dont ils admirent l'intégrité et la dévotion sans limite à sa tâche.

Le Sud-africain Nicholas Haysom, un de ses principaux conseillers, estime que le manque de charisme dont est taxé M. Ban est exagéré.

«Il a été extrêmement actif dans les crises humanitaires et les conflits», insiste-t-il, ajoutant qu'on «a pas toujours fait savoir la vérité ou qu'elle n'a pas toujours été entendue».

Toutefois c'est sa maîtrise incertaine de la langue anglaise qui est souvent reprochée à M. Ban.

«L'anglais n'est pas sa langue maternelle, ce qui fait que parfois il paraît emprunté et sans inspiration», reconnaît sa porte-parole, Michèle Montas, ajoutant que sa façon de communiquer peut paraître «peu familière en Occident».

Prenant la défense de Ban Ki-moon, l'ambassadeur de France aux Nations Unies, Jean-Maurice Ripert, estime que «son action à la tête de l'ONU inspire le plus grand respect.»

«C'est un diplomate tenace qui n'hésite pas à s'investir personnellement sur les sujets les plus difficiles comme les crises alimentaires et financières, le climat et Darfour.»