Les agents fédéraux américains ont la réputation d'être tatillons et pas spécialement sympathiques. Une enquête révèle qu'ils sont aussi dangereusement inefficaces.

En mai et juin derniers, des enquêteurs ont pu entrer dans 10 édifices fédéraux américains en ayant sur eux le matériel nécessaire pour fabriquer une bombe.

 

Une fois à l'intérieur, les enquêteurs ont pu trouver un endroit tranquille pour assembler la bombe et la dissimuler dans une valise, pour ensuite marcher librement à divers étages de l'édifice.

La liste des bâtiments visités lors de l'enquête n'a pas été rendue publique. Le rapport précise qu'il s'agit d'édifices de «niveau de sécurité IV», soit des endroits considérés comme étant à «haut risque» d'être la cible d'une attaque.

Le responsable du Comité sur la Sécurité intérieure et les Affaires gouvernementales, le sénateur Joe Lieberman, s'est dit «révolté» par les conclusions du rapport, qui a filtré dans les médias hier.

«Franchement, il est inacceptable que des millions de personnes qui visitent les édifices fédéraux ou y travaillent soient potentiellement exposés à une attaque terroriste.»

M. Lieberman a noté que deux attaques sur des immeubles fédéraux avaient eu lieu ces dernières années: l'attaque terroriste contre le Pentagone le 11 septembre 2001, qui avait fait 184 victimes, et l'explosion qui a soufflé le Murrah Federal Building, à Oklahoma City, en 1995, où 168 personnes ont perdu la vie.

Les manquements qu'ont observés les enquêteurs habillés en civil sont importants. Dans un cas, un garde a été filmé en train de dormir, assis sur sa chaise. Un autre agent a révélé avoir pu franchir le contrôle de sécurité en 27 secondes, alors qu'il avait sur lui toutes les composantes nécessaires à la fabrication d'une bombe.

Un enquêteur a aussi vu un nouveau-né passer avec son landau dans une machine à rayons X, un incident potentiellement dangereux pour l'enfant, et qui est dû à la négligence de l'agent en service.

Des problèmes «fondamentaux»

Hier, la sénatrice du Maine, Susan Collins, a qualifié «d'inacceptables» les résultats de l'enquête, dont le réseau ABC a diffusé les conclusions, et aussi certaines images vidéo.

«Ce qui me choque, c'est que les problèmes sont fondamentaux. Si les enquêteurs avaient réussi à faire entrer des composantes pour une bombe dans un ou deux édifices, ça aurait été troublant, surtout qu'il s'agit d'édifices à haut risque. Mais le fait qu'ils ont réussi chaque fois démontre que le problème est particulièrement répandu.»

De passage devant un comité sénatorial, hier, le directeur du Federal Protective Service, Gary Schenkel, a dit prendre l'entière responsabilité des manquements de son organisation.

«Je suis le responsable, je suis le directeur. Nous avons des problèmes sur le plan de la supervision et nous allons y remédier.»

L'enquête a été menée par le Government Accountability Office, une organisation qui surveille les activités du gouvernement. Le document note que plusieurs édifices sont protégés par des agents privés, qui sont souvent mal entraînés ou dont la formation remonte à plusieurs années.