Le pouvoir russe a décidé de laisser sa chance à Obama. Malgré plusieurs points de divergence encore en suspens entre Washington et Moscou, le président Dmitri Medvedev a choisi la coopération, faisant oublier l'atmosphère aux relents de guerre froide des dernières années de l'administration Bush.

Signal fort de cette relation renouée, les présidents russe et américain se sont tout d'abord entendus sur des sujets militaires, lundi. La Russie permettra le transit sur son territoire des soldats et du matériel militaire américains à destination de l'Afghanistan.

Les deux pays reprendront aussi leurs exercices militaires conjoints. Ils avaient été interrompus en août dernier, après la guerre éclair entre la Russie et l'ex-république soviétique de Géorgie, désormais alliée de Washington.

Les dirigeants russes ont même fermé les yeux sur la décision de Barack Obama de s'entretenir directement ce soir avec des leaders de la microscopique opposition russe, à laquelle le Kremlin fait la vie dure.

«Le simple fait qu'Obama ait proposé cette rencontre est déjà un pas courageux de sa part», se réjouit l'ancien député de la Douma Vladimir Ryjkov, qui participera à la rencontre. «Ça veut dire qu'il ne considérera pas l'opinion du Kremlin comme celle de tous les Russes.» Les prédécesseurs d'Obama n'avaient jamais osé faire un tel affront au Kremlin, note-t-il.

M. Ryjkov ne s'attend toutefois pas à ce que le président américain puisse faire quoi que ce soit pour aider l'opposition russe à prendre de la vigueur et proposer une alternative au tandem autoritaire Poutine-Medvedev.

«La rhétorique du Kremlin est depuis longtemps que tous [nos problèmes] sont causés par les États-Unis», poursuit Leonid Gozman, coprésident de Cause juste, un nouveau parti libéral d'opposition modérée. «Mais je crois que maintenant, les deux parties comprennent que l'un sans l'autre, nous n'arriverons à rien.»

Avant de s'attaquer aux enjeux mondiaux, il reste toutefois encore à Obama et à Medvedev certaines pommes de discorde bilatérales à régler. C'est le cas du bouclier antimissile en Europe de l'Est, un projet de l'administration Bush qu'Obama persiste à vouloir concrétiser, en dépit de la forte opposition de Moscou.

Medvedev a cependant perçu une ouverture de la part de son homologue lundi, voyant poindre à l'horizon un «compromis possible».

La Russie souhaite aussi une reconnaissance tacite par Washington de sa «sphère d'influence» en ex-URSS. Elle voudrait ainsi que le président américain prenne exemple sur l'Europe et retire son appui à une adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie à l'OTAN.