L'ex-otage Ingrid Betancourt, libérée il y a un an des mains de la guérilla colombienne, a reconnu jeudi avoir été blessée par les critiques de co-détenus, disant toutefois ne vouloir conserver que «les moments de grandeur» de ses compagnons qu'elle considère comme ses «frères».

Un livre de trois ex-otages américains évoque son «égoïsme» et son «arrogance», celui de Clara Rojas, son ancienne directrice de campagne qui avait refusé d'abandonner la candidate à l'élection présidentielle colombienne lors de son enlèvement en 2002, l'accuse de ne pas l'avoir aidée.

Interrogée sur la chaîne de télévision française TF1 pour savoir si elle avait été «blessée», elle a répondu: «je crois que c'est évident car ce sont des personnes que j'aime. Ce sont mes frères, c'est ma famille. Evidemment ça m'a fait de la peine», a-t-elle dit.

«Mais je crois qu'il y a quelque chose de plus important que cela. J'ai eu l'occasion d'en parler à froid, avec une distance, et je me suis convaincue que nous allons être au-dessus de ce qui s'est passé dans jungle. Nous allons être dans la solidarité», a-t-elle ajouté.

«Il faut comprendre qu'on était obligé de vivre des choses terribles et les plus petites choses donnaient lieu à des tensions très fortes», a-t-elle expliqué.

Par exemple, «on nous obligeait à être tous dans un espace exigu et on se disputait tous pour avoir son hamac le mieux placé», a-t-elle admis.

«Aujourd'hui quand j'y pense, c'est tellement petit. Je ne veux garder que les images de ces compagnons quand ils ont eu ces moments de grandeur, de noblesse. C'est pour moi ce que je garde dans mon coeur», a-t-elle affirmé.

Interrogée sur Clara Rojas, qui a eu un enfant en captivité avec un guérillero, elle a estimé qu'elles avaient «une perspective différente de ce qui s'est passé» et qu'elle avait «essayé d'être toujours le mieux possible».

«Nous étions écorchés vifs. Pour moi, il est très clair que mes compagnons étaient des victimes comme moi. Nous étions humiliés, torturés par les gardes. C'est la différence».

Le 2 juillet 2008, l'ex-candidate à la présidentielle avait été libérée en compagnie de 14 autres otages, lors d'une opération de l'armée colombienne.