Les États-Unis assurent que leur base au Kirghizstan continuera à fonctionner comme avant pour le transit d'hommes et de matériel vers l'Afghanistan, au terme d'un nouvel accord, en dépit des déclarations de Bichkek et de Moscou.

Le nouvel accord entre Washington et le Kirghizstan ratifié jeudi par le Parlement de cette ex-république soviétique d'Asie centrale «va nous permettre de continuer à faire transiter tout le soutien logistique et le personnel dont nous avons besoin», a déclaré à l'AFP un haut responsable américain sous couvert de l'anonymat.

«C'est un large dispositif et cela inclut toutes les activités que nous avons menées dans le cadre de l'accord précédent», a-t-il poursuivi en marge d'un forum régional de l'OTAN sur la sécurité à Astana, capitale du Kazakhstan.

Le Kirghizstan, qui avait ordonné en février la fermeture de la base américaine de Manas, est revenu cette semaine sur sa décision en annonçant son maintien sous la forme d'un «centre de transit» pour du matériel non militaire.

La base de Manas a été aménagée en 2001, lorsque les États-Unis ont lancé leur offensive en Afghanistan. Mais depuis 2005, le président kirghiz Kourmanbek Bakiev a menacé à plusieurs reprises de fermer ces infrastructures, avant de consentir à les maintenir en échange d'une hausse de loyer.

Quelque 1200 hommes sont déployés sur cette base par laquelle transitent chaque année des milliers de soldats en route pour l'Afghanistan. Manas est aussi essentiel au ravitaillement en carburant des avions engagés dans le conflit contre les talibans.

Au terme du nouvel accord, le loyer versé à l'État kirghiz pour l'utilisation de Manas va être triplé pour atteindre 60 millions de dollars, auxquels s'ajoutent plus de 110 millions de dollars d'aides économiques et en matière de lutte antiterroriste et anti-drogue.

Des sources gouvernementales et des députés ont assuré que la base ne fonctionnerait plus comme avant.

«Ce n'est plus une base militaire, les soldats de la coalition doivent maintenant partir. Le démontage des infrastructures de la base peut commencer. Ce ne sera plus qu'un corridor de transit», a déclaré un député du parti au pouvoir, Kabaï Karabekov, après le vote.

L'accord approuvé par le Parlement autorise pourtant le personnel américain à rester au Kirghizstan et ne prévoit aucune restriction sur la nature du fret transporté.

Le gouvernement américain et son personnel peuvent faire entrer au Kirghizstan et sortir du pays «toute sorte de propriété personnelle, des équipements, provisions, matériels et technologies», stipule le texte.

Et les autorités kirghizes ne pourront pas inspecter les vols qui décollent de Manas, selon le texte.

Le président russe Dmitri Medvedev, en tournée en Afrique, a estimé que l'accord américano-kirghiz contribuerait «à la lutte contre le terrorisme», le comparant à celui entre la Russie et l'OTAN sur le transit de matériel non militaire pour la force internationale en Afghanistan.

Il a cependant ajouté que la Russie partait du principe que le site de Manas «cessait son travail» et que la nouvelle activité pour assurer le transit se ferait «sur de nouvelles bases».