Les ministres des Affaires étrangères du G8, qui se retrouvent jeudi soir à Trieste (Italie), voient leur programme bousculé par la crise en Iran qui s'annonce comme un thème majeur de leur réunion de trois jours, également consacrée à la stabilisation de l'Afghanistan.

Cette réunion s'ouvre jeudi soir par un dîner des responsables de la diplomatie du G8 (Italie, Grande-Bretagne, Allemagne, France, États-Unis, Canada, Japon, Russie).

Javier Solana, haut représentant de l'Union européenne (UE) pour les Affaires étrangères, la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, et le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Kohout, doivent aussi assister à ce dîner, selon Rome.

Prévu de longue date, ce sommet devait se concentrer sur la stabilisation de l'Afghanistan et du Pakistan mais les violences post-électorales en Iran et le durcissement des relations entre Téhéran et l'Occident, en particulier Londres et Washington, ont modifié l'ordre du jour.

«Je suis certain que nous condamnerons ces violences gravissimes des droits à la vie et à l'intégrité physique des personnes et que nous redirons une nouvelle fois que ces actes éloignent l'Iran de la communauté internationale, une situation que nous ne voulons pas», avait déclaré mercredi, à la presse qui l'accompagnait à Stockholm, le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini.

Au moins 17 Iraniens ont été tués et plusieurs centaines arrêtés depuis le début des troubles qui ont suivi la réélection contestée du président ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad.

Trouver un compromis entre les Huit ne sera cependant pas facile, la Russie considérant «toutes les questions liées à l'élection en Iran comme une affaire intérieure de ce pays» alors que l'UE et les États-Unis sont sur une ligne nettement plus ferme tout en se défendant d'ingérence dans les affaires iraniennes.

Le secrétaire d'État adjoint aux Affaires politiques William Burns, numéro trois du département d'État, plus spécialement chargé du dossier iranien et qui remplace Hillary Clinton, blessée, doit avoir une rencontre bilatérale avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov jeudi soir, selon une source américaine.

L'Iran, pays voisin de l'Afghanistan, avait été invitée à Trieste par l'Italie avec le feu vert de Washington avant que les troubles n'éclatent et conformément à la nouvelle politique de la main tendue du président Barack Obama.

Las d'attendre une réponse à son invitation, Rome l'a finalement retirée avant que le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki ne confirme qu'il ne ferait pas le voyage à Trieste (nord-est de l'Italie).

«L'Italie espère que l'Iran pourra retrouver les conditions pour apporter avec conviction sa contribution politique à la stabilisation de l'Afghanistan», écrit Franco Frattini dans une tribune publiée mercredi par La Stampa.

Le G8 consacrera vendredi une session de sa réunion à la reconstruction de l'Afghanistan autour de cinq thèmes: la sécurité des frontières, le trafic de drogue, le développement des infrastructures, les réfugiés et la sécurité alimentaire.

La situation au Proche-Orient où les négociations entre Israéliens et Palestiniens n'ont toujours pas repris depuis la victoire de la droite aux élections sera aussi discutée à Trieste lors d'une réunion vendredi du Quartette (États-Unis, Union européenne, Russie et ONU).

M. Frattini a souhaité que cette réunion soutienne «la conférence sur le Proche-Orient que Moscou a proposé d'accueillir» afin de relancer le processus de paix.

La rencontre se terminera samedi à mi-journée par une déclaration finale.