Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a exigé lundi une attitude «plus dure» contre les paradis fiscaux et les spéculateurs, lors du mini-sommet de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur la crise de l'emploi.

«Ce moment exige des entreprises, des travailleurs et des gouvernements une attitude plus dure», a affirmé le président Lula à Genève devant les 183 membres de l'OIT.

«On ne peut pas se permettre de vivre avec des paradis fiscaux, on ne peut pas continuer à vivre avec un système financier qui spécule, qui vend du papier sans produire, sans produire le moindre poste de travail, la moindre chaussure, la moindre cravate», a-t-il ajouté, sous un tonnerre d'applaudissements.

Pour le chef de l'État brésilien, «les grandes banques de la spéculation ont décidé de faire de la spéculation» et ont «provoqué cette catastrophe» de la crise financière et économique.

«De grandes banques (...) qui mesurent les risques, ces grandes banques qui sont de si éminents spécialistes, ne se sont pas arrêtées cinq secondes pour mesurer leurs propres risques», a-t-il martelé, s'en prenant également à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international qui «n'ont pas su apporter la moindre proposition pour résoudre la crise».

Le président brésilien s'en est pris aux paradis fiscaux à Genève alors que la Suisse, qui défend bec et ongles son secret bancaire, est dans la ligne de mire de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour ses pratiques fiscales.

Il a défendu plus largement l'idée d'un nouvel ordre économique plus juste.

«Les responsables de la crise, ce ne sont pas les pauvres du monde (...) ce sont les mêmes qui, pendant des siècles, savaient comment donner des leçons, administrer les États, se mêler des États pauvres d'Amérique latine et d'Afrique», a-t-il martelé dans la matinée devant le Conseil des droits de l'Homme.

«J'espère que de cette crise puisse surgir un ordre international qui récompense la production et non la spéculation, qui respecte les standards internationaux viables, qui fasse du commerce un instrument de développement», selon Lula.

Après le président brésilien, le chef de l'État français Nicolas Sarkozy devait intervenir lors du mini-sommet de l'OIT sur la crise de l'emploi, qui menace de mettre au chômage 59 millions de personnes dans le monde en deux ans.