Le président américain Barack Obama a passé son premier test avec ses homologues d'Amérique latine, mais à quelques heures de la fin, il n'y avait toujours pas d'accord sur une déclaration finale.

«C'est le début d'une nouvelle ère très intéressante dans la relation», a déclaré le président équatorien Rafael Correa, l'un des plus critiques envers Washington avec le Vénézuélien Hugo Chavez ou le Bolivien Evo Morales.

Il a toutefois ajouté : «Nous n'avons pas encore vu de grands changements vis-à-vis de Cuba», à l'issue d'une rencontre entre M. Obama et douze dirigeants membres de l'Union des nations sud-américaines (Unasur).

La présidente argentine Cristina Kirchner a estimé qu'«un dialogue différent» avait été «ouvert» et appelé M. Obama à «être non seulement le produit du changement, mais aussi un acteur», espérant que «ses intentions pourront se traduire en politiques concrètes».

La réunion a été «très positive» et l'échange «franc», a résumé son homologue chilienne Michelle Bachelet.

Le Chili fait partie, avec le Brésil, des pays modérés bien vus par Washington, tandis que l'Argentine tente d'améliorer ses relations avec les États-Unis.

«Si le climat qui prévaut est le même que celui qu'on a vu au cours de la réunion entre Obama et l'Unasur, le résultat sera très positif», a commenté le chef de la diplomatie brésilienne Celso Amorim.

Mais à quelques heures de la fin, il n'y avait toujours pas d'accord parmi les 34 chefs d'État et de gouvernement sur une déclaration finale.

«Nous n'avons toujours pas de déclaration mais l'ambiance est très bonne», a déclaré un responsable vénézuélien sous couvert d'anonymat.

A l'initiative de M. Chavez, les membres de l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (Alba - Venezuela, Cuba, Bolivie, Nicaragua, Honduras, Dominique et Saint-Vincent) ont jugé «inacceptable» le projet de déclaration finale du sommet faisant l'impasse sur l'embargo contre l'île communiste.

«Nous maintenons une position ferme», a dit M. Chavez. «Je ne crois pas que nous ayons le temps pour la changer et comme il n'y a pas de temps, nous n'allons pas la signer», a-t-il ajouté, en précisant qu'il parlait «au nom du Venezuela et de l'Alba».

La déclaration des sommets des Amériques est toujours adoptée par consensus et signée. Si cette fois ce n'était pas le cas, cela pourrait nuire au bilan autrement largement positif du sommet.

«Ce serait une grave preuve d'irresponsabilité de notre part», a dit le président du Guatemala, Alvaro Colom.

D'autant plus que les gestes de bonne volonté en direction de Cuba se sont multipliés en marge du sommet.

Le président américain a dit vendredi qu'il croyait à la possibilité de donner «une nouvelle direction» aux relations avec Cuba. Sa secrétaire d'État Hillary Clinton avait vu dans des propos récents du président cubain Raul Castro une «ouverture» dont il fallait tenir compte.

Raul Castro avait assuré la veille être ouvert «à un dialogue sur tout» avec Washington, «y compris les droits de l'Homme, la liberté de la presse, les prisonniers politiques».

Preuve du changement d'atmosphère, le président Chavez s'est permis «une blague» devant les autres chefs d'État. «Le prochain sommet des Amériques, pourquoi ne le ferions-nous pas à La Havane ?», leur a-t-il lancé.

Exclue de l'Organisation des États américains (OEA) en 1962, Cuba n'est pas invitée à participer aux sommets des Amériques. Mais elle y est omniprésente.

M. Chavez s'est de nouveau montré conciliant samedi envers M. Obama en lui offrant un livre, au lendemain d'une poignée de mains très remarquée.