Sur un des dessins, une femme voilée pleure près de son bébé mort. À côté d'elle, un ourson en peluche. Et ce slogan de pub de condom: «Mieux vaut utiliser Durex.»

Sur une autre image, un gamin tient un fusil plus haut que lui. La mire d'un fusil pointe sur lui. Ici, l'inscription dit: «Plus ils sont petits, plus c'est difficile.»

 

Et celle-ci encore: un fusil vise le ventre d'une femme enceinte. «Un coup, deux morts», dit le texte.

Voici quelques exemples d'images que des soldats israéliens ont pris la liberté de faire imprimer sur des t-shirts. Cette initiative d'un goût douteux, révélée il y a 10 jours par le quotidien Haaretz, a soulevé la controverse en Israël.

Après enquête, l'armée israélienne a banni ces t-shirts, notant qu'ils contreviennent à ses valeurs et appartiennent à un type d'humour «inacceptable».

Ces images sont carrément «dégueulasses» et la réaction de l'armée n'excuse pas ce qui s'est passé, reconnaît Richard Marceau, porte-parole du Comité Canada-Israël à Ottawa.

Il souligne toutefois que cette explosion d'humour de caserne a été le fait d'un groupe marginal. Et que le haut commandement a immédiatement réagi.

Autres incidents

Ce n'est pas le premier incident mettant en cause les normes morales qui prévalent au sein de l'armée israélienne. Au lendemain de la guerre de Gaza, des journalistes ont découvert des graffitis haineux sur les murs de maisons palestiniennes à moitié détruites. «Les Arabes doivent mourir», clamait une de ces inscriptions, accompagnée d'une étoile de David.

Selon Richard Marceau, les auteurs de ces graffitis devraient recevoir des sanctions une fois que l'armée aura terminé son enquête à ce sujet.

Dans un autre article, le quotidien Haaretz a cité des soldats signalant que l'armée aurait sciemment visé des civils durant son intervention dans la bande de Gaza. Tsahal a enquêté sur ces allégations, et a conclu qu'elles étaient fondées sur des rumeurs.

Ces révélations consécutives convergent vers une grande question: l'armée israélienne a-t-elle commis des abus délibérés lors de la guerre contre Gaza? Et si oui, s'agit-il de faits anecdotiques ou d'un signe de dégradation de l'état moral des troupes?

Le sociologue israélien Orna Sasson-Levy croit que le phénomène n'a rien de fortuit. Cité par Haaretz, il note qu'il s'agit d'un signe «du processus de radicalisation qui touche le pays tout entier».

«Chez les soldats, il y a une perception que le Palestinien n'est pas une personne», dit-il.

 

L'ONU NOMME UN ENQUÊTEUR

Alors que l'armée israélienne subit des critiques à l'intérieur d'Israël, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a nommé hier Richard Goldstone, un juge sud-africain d'origine juive, pour présider une enquête sur les présumés crimes de guerre commis durant la guerre de Gaza. Selon le mandat qui lui a été confié, le juge ne devrait enquêter que sur les crimes commis par l'armée israélienne. Mais Richard Goldstone, qui a agi comme procureur en chef pour les tribunaux de l'ex-Yougoslavie et du Rwanda, assure qu'il analysera les exactions commises par les deux parties. L'État hébreu ne reconnaît pas l'autorité du Conseil des droits de l'homme, qu'il juge partial. D'ailleurs, le mandat confié au juge Goldstone discrédite d'emblée son enquête, affirme Richard Marceau, du Comité Canada-Israël.

Une controverse entoure le bilan de l'offensive israélienne qui aurait fait 1116 morts, dont 295 civils, selon Israël.

Les compilations palestiniennes parlent plutôt de 1417 morts, dont 926 civils.