Les autorités françaises et allemandes ont pris les grands moyens pour protéger les chefs d'États réunis hier et aujourd'hui à l'occasion du sommet de l'OTAN, mobilisant plus de 25 000 policiers dans les villes frontalières où se déroule la rencontre.

Il est impossible de les manquer en arrivant à Strasbourg, où ils sont stationnés pratiquement à tous les coins de rue.

Les trains en provenance de Paris ou d'ailleurs sont accueillis par un groupe d'agents portant des équipements antiémeute qui passent visuellement au crible les passagers à la recherche de contestataires.

 

Des barricades ont été érigées sur plusieurs dizaines d'artères pour protéger un vaste périmètre du centre-ville où seuls les citoyens munis de badges attribués à l'avance et les participants au sommet sont autorisés à circuler.

Seul signe de dissidence évidente dans ce secteur, quelques drapeaux colorés proclamant «Non à l'OTAN» ont été installés sur des balcons.

»Déni de justice»

Plusieurs résidants ont tenté de contester le dispositif sécuritaire mis en place, allant jusqu'à saisir les tribunaux pour faire lever les restrictions imposées.

C'est le cas notamment de Georges Federmann, un psychiatre de 53 ans vivant au centre-ville qui s'inquiétait de savoir que ses patients, souvent des immigrants sans papiers, ne pourraient pas avoir accès à ses bureaux pour plusieurs jours.

«Une telle période peut suffire pour faire basculer des personnes déséquilibrées», affirme en entrevue le médecin, qui s'est vu débouté par le tribunal. Une décision qu'il décrit comme un «déni de justice».

Contrairement à lui, la plupart des citoyens croisés hier dans les rues du centre-ville semblaient accepter avec résignation la situation.

«Je n'ai jamais vu un dispositif d'une telle ampleur», a souligné Charles-Augustin, un étudiant en ingénierie, qui tentait tant bien que mal de trouver une manière de se rendre à son université à travers les barrages de police.

Violents accrochages

La ministre de l'Intérieur française, Michèle Alliot-Marie, venue sur place en début de semaine pour revoir le dispositif sécuritaire, affirme qu'il est nécessaire pour écarter toute menace terroriste.

La «coalition anti-OTAN», un rassemblement disparate de critiques de l'organisation qui a formé un camp au sud de la ville à l'occasion du sommet, déplore pour sa part que les citoyens de Strasbourg aient été «privés de leur liberté de circulation».

Jeudi soir, de violents heurts ont opposé des manifestants provenant du camp aux forces de sécurité. Trois cents arrestations ont été effectuées et une centaine de personnes ont été placées en garde à vue.

Hier, quelques policiers ont été blessés lors d'accrochages survenus près du camp. La situation pourrait se corser aujourd'hui puisque les opposants à l'OTAN annoncent une marche de protestation devant regrouper plusieurs dizaines de milliers de personnes.