La lourde tâche que s'est fixée le président américain Barack Obama de fermer le centre de détention de Guantanamo a franchi des étapes décisives vendredi mais les obstacles sont encore nombreux.

Le président américain s'est engagé à fermer la prison la plus controversée du monde d'ici janvier 2010 mais l'équation comprend plusieurs inconnues, le sort réservé aux détenus libérés n'étant pas l'une des moindres.

Vendredi, les États-Unis ont demandé formellement à l'Union européenne d'accueillir des détenus exempts de toute accusation de terrorisme. Le président français Nicolas Sarkozy a assuré que Paris participerait à cet effort et que des négociations étaient en cours pour l'accueil d'un détenu.

Selon des sources concordantes à Washington, ce détenu est un Algérien.

«L'administration Obama ne peut pas résoudre seule le problème, les alliés européens demandent depuis longtemps la fermeture de Guantanamo, maintenant, ils peuvent aider», assure dans un communiqué Joanne Mariner de l'organisation américaine Human Rights Watch.

Les observateurs s'accordent sur le fait que l'aide de pays tiers est fondamentale pour la nouvelle administration américaine, qui bénéficie d'une forte audience après huit années de présidence Bush.

Quelque 800 adolescents et adultes sont passés par les cellules de la base navale américaine à Cuba. Il en reste environ 240 aujourd'hui. En tout, une vingtaine seulement ont été inculpés. L'administration de George W. Bush envisageait d'en poursuivre entre 60 et 80.

Parallèlement, une soixantaine attendent de quitter la prison, blanchis par le Pentagone ou par la justice fédérale.

Les États-Unis ne veulent pas les renvoyer dans leur pays d'origine -Tunisie, Ouzbékistan, Lybie- parce qu'ils affirment y risquer des persécutions. Mais la solution des pays européens pourrait rester insuffisante, seuls la France, le Portugal et l'Espagne ayant dans l'immédiat offert leurs services.

Un responsable américain a par ailleurs prévenu que «personne ne sera transféré avant que les États-Unis n'aient pris des détenus». Une option à l'étude à Washington, que George W. Bush avait toujours repoussée, de peur que ces anciens détenus soient «dangereux» pour ceux qui les ont enfermés.

De nombreux rapports et témoignages font état de conditions d'incarcération et d'interrogatoires très pénibles à Guantanamo, où les détenus n'ont pu avoir accès à des avocats qu'à partir de fin 2004.

Le directeur du renseignement américain, Dennis Blair, a expliqué la semaine dernière à la presse que les États-Unis devront «fournir une certaine forme d'assistance» aux détenus libérés sur le sol américain, afin qu'«ils commencent une nouvelle vie».

Deux sources du département à la Défense ont confirmé à l'AFP que Washington envisageait d'accueillir 17 Chinois ouïghours incarcérés depuis sept ans bien que blanchis depuis quatre. Une communauté importante de cette minorité musulmane et turcophone qui affirme être persécutée par Pékin réside dans la capitale fédérale.

Au delà, le nombre de détenus libérables devrait encore s'allonger à mesure qu'un groupe de travail dirigé par le ministère américain de la Justice réétudie individuellement chaque dossier et que la justice fédérale procède de même en parallèle.

Sans compter la question de la centaine de détenus yéménites, dans une impasse faute d'accord entre Washington et Sanaa sur le rapatriement de certains d'entre eux.