À L'ISSUE DE PLUSIEURS HEURES DE POURPARLERS ENTRE LES CHEFS D'ÉTAT DU G20, DES MESURES EXCEPTIONNELLES ONT ÉTÉ APPROUVÉES POUR TENTER

D'ENDIGUER LA CRISE ÉCONOMIQUE. UN PREMIER PAS VERS UN «NOUVEL ORDRE MONDIAL» ?

Les chefs d'État du G20 ont conclu hier à Londres une entente d'envergure qui permettra à terme, espèrent-ils, d'endiguer la crise la plus importante que l'économie mondiale ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale. Et signe encourageant, la Bourse a clôturé à la hausse à la fin de la rencontre.

 

«Aujourd'hui, le monde a décidé d'unir ses forces pour combattre la récession globale», a déclaré l'hôte de la rencontre, le premier ministre britannique Gordon Brown, qui a évoqué l'avènement d'un «nouvel ordre mondial» à l'issue de plusieurs heures de pourparlers à huis clos avec ses homologues.

Le ton était à l'avenant parmi les autres politiciens présents, qui ont souligné tout à tour le caractère «exceptionnel» des mesures approuvées à l'issue d'une journée marquant, dans les faits, l'aboutissement de mois de tractations.

«Peu importe comment on le regarde, le sommet était historique. Il était historique par l'ampleur et l'importance des défis auxquels nous faisons face, mais aussi par la vitesse et l'ampleur de notre réponse», a déclaré le président des États-Unis Barack Obama.

Le communiqué final précise que le Fonds monétaire international (FMI) verra ses ressources bonifiées de 750 milliards de dollars de manière à soutenir ses interventions auprès des pays émergents et des pays pauvres les plus touchés par la crise. Les banques de développement recevront une somme additionnelle de 100 milliards dans un objectif similaire.

Une somme additionnelle de 250 milliards de dollars sera mobilisée pour relancer le commerce international à travers le soutien financier aux exportations.

Les participants ont également convenu de plusieurs mesures visant à mieux réguler le marché financier, pour le plus grand plaisir du président français Nicolas Sarkozy et de la chancelière allemande Angela Merkel.

Les deux politiciens avaient fait de cette question une condition sine qua non de toute entente, M. Sarkozy allant jusqu'à menacer de ne pas signer le communiqué final s'il n'obtenait pas gain de cause. Hier, il a déclaré que l'entente «allait au-delà de ce qu'on pouvait espérer».

Le communiqué final précise que les agences de cotation et les fonds spéculatifs, ainsi que toute institution financière «ayant une importance systémique», seront régulés.

Une attention particulière a été accordée aux paradis fiscaux, les plus récalcitrants devant être désignés dans une liste produite par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

«L'ère du secret bancaire est terminée», a assuré le premier ministre anglais, en précisant que les États qui refusent de réviser leurs façons de faire dans ce domaine s'exposeraient à des sanctions.

Le premier ministre du Canada Stephen Harper s'est félicité du résultat du sommet, relevant que le pays avait joué un rôle de premier plan sur la question de la régulation des marchés financiers. En prévision du sommet, le politicien avait annoncé qu'il allait demander à ses homologues de faire un effort additionnel pour stimuler leur économie respective, mais l'accord final ne comporte aucun engagement précis à ce sujet. Les signataires disent simplement vouloir faire le «nécessaire» pour restaurer la croissance.

M. Harper a déclaré qu'il avait été convaincu, par ses échanges avec ses homologues européens, qu'il n'y avait pas nécessité pour eux de bonifier leur plan de relance pour l'instant.

«Nous ne sommes pas sortis du bois, mais il y a clairement une volonté affirmée d'agir (pour corriger la situation)», a-t-il indiqué, insistant sur la nécessité de rassurer les marchés, en forte hausse à l'issue de la rencontre.

Tout comme M. Harper, plusieurs des participants se sont efforcés en soirée de souligner que les mesures annoncées ne pourraient évidemment pas mettre fin à la crise du jour au lendemain.

Les chefs d'État, qui étaient réunis dans un centre de conférence sous haute surveillance dans l'est de la capitale anglaise, ont convenu de se revoir avant la fin de l'année afin de faire le point sur les mesures annoncées et leur impact.

«Ce n'est que le début. La crise ne se réglera pas en une ou deux rencontres. Il va falloir un suivi constant», a déclaré Barack Obama, qui doit retrouver aujourd'hui plusieurs des chefs d'État du G20 à l'occasion du sommet de l'OTAN, à Strasbourg.