L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a publié un rapport dénonçant les conditions de détention des immigrés emprisonnés aux Etats-Unis.

Parmi les personnes emprisonnées figuraient «des demandeurs d'asile, des survivants de la torture, des victimes de trafic d'êtres humains, des résidents permanents légaux de longue date, et des parents d'enfants ayant la nationalité américaine», ainsi que des enfants, note Amnesty dans ce rapport de 51 pages rendu public mercredi.

Le nombre d'immigrés détenus aux États-Unis a triplé depuis 1996 et a concerné 30 000 personnes en 2008, indique le groupe dans ce rapport baptisé «Emprisonné sans justice: la détention des immigrés aux Etats-Unis». Amnesty prévient en outre que «ces chiffres devraient augmenter en 2009».

Selon l'organisation, les conditions de détention «ne respectent pas les normes internationales en matière de droits de l'homme ou les règles édictées par le service des douanes et de l'immigration (ICE)».

Les immigrés détenus sont parfois vêtus d'uniformes de prisonniers et retenus «dans des centres de détention avec des barbelés et des cellules, aux côtés de personnes condamnées pour des actes criminels», dénonce Amnesty.

Même si l'ICE a indiqué que la durée moyenne de la détention avait été de 37 jours en 2007, les personnes détenues «peuvent l'être durant des mois ou des années» en naviguant dans le système judiciaire, selon l'organisation de défense des droits de l'homme.

Amnesty affirme que plusieurs personnes ont ainsi été retenues pendant quatre ans le temps que leur cas soit résolu.

Et les aspirants à l'immigration dont la demande est rejetée «peuvent languir en détention indéfiniment si leur pays d'origine n'accepte pas leur retour ou n'a pas de relations diplomatiques» avec Washington, souligne Amnesty.

Pour faire face à des besoins d'espace croissants, les autorités ont des contrats avec 350 prisons locales à travers le pays pour accueillir des migrants, selon Amnesty.

Et en raison de mauvaises conditions médicales, 74 personnes sont mortes au cours des cinq dernières années, selon le rapport.

«Les Etats-Unis devraient être outrés par l'étendue des violations des droits de l'homme au sein de ses propres frontières», a déclaré un responsable d'Amnesty USA, Larry Cox.

«Les Etats-Unis ont longtemps été un pays d'immigrants, et qu'ils aient été là depuis cinq ans ou cinq générations, leurs droits devraient être respectés», a-t-il ajouté.

Selon l'ICE environ 40% des personnes détenues sont des «étrangers criminels», un terme qui désigne aussi bien des immigrés en voie d'expulsion après une peine de prison aux États-Unis, que des résidents permanents expulsés après de sérieuses violations du code de la route.