Les présidents américain Barack Obama et français Nicolas Sarkozy figurent parmi les 205 personnes et organisations --un nombre record-- en lice pour le prix Nobel de la paix, deux candidatures éminentes que les experts jugent toutefois trop prématurées pour aboutir.

«Nous avons reçu 205 candidatures, dont 33 organisations», a déclaré vendredi à l'AFP le directeur de l'Institut Nobel d'Oslo, Geir Lundestad. «C'est un nouveau record» après celui de 2005 lorsque 199 candidatures avaient été déposées, a-t-il dit.

L'identité des candidats est tenue secrète pendant 50 ans. Mais certains noms peuvent filtrer, par exemple si les parrains décident de lancer publiquement la candidature de leur «poulain».

MM. Obama et Sarkozy sont ainsi sur la liste des candidats cette année.

Le fait d'être «nominé» n'a pas valeur d'adoubement de la part du comité Nobel qui décerne le prix de la paix, insiste toutefois M. Lundestad.

Des milliers de personnes --parlementaires et ministres, précédents lauréats, membres de certaines instances internationales, certains professeurs d'université et le comité Nobel lui-même-- sont habilitées à proposer une candidature.

Pour les experts, les chances de MM. Obama et Sarkozy de l'emporter ne sont pas évidentes.

«Ils n'ont encore rien fait de très remarquable sur les questions de guerre et de paix», a commenté Gunnar Soerboe, le directeur de l'Institut Christian Michelsen spécialisé dans les recherches sur la paix et le développement.

«C'est sûr que Sarkozy a été très actif sur la scène internationale, en Géorgie ou au Moyen-Orient où il a essayé de contribuer à mettre fin à la guerre de Gaza, mais il n'a pas encore à son actif de succès vraiment retentissant», a-t-il dit à l'AFP.

«Avec le temps, s'il continue à enregistrer des succès, il pourrait devenir un prétendant crédible mais c'est trop tôt au jour d'aujourd'hui», a-t-il précisé.

L'Institut de recherche sur la paix d'Oslo (Prio) a lui aussi relativisé les chances des deux chefs d'Etat.

«Il est très facile d'être sur la liste des candidats. Il suffit de demander à un quelconque parlementaire de déposer une candidature en sa faveur», a souligné Stein Toennesson, le directeur de Prio.

«Souvent, les candidatures les plus intéressantes sont celles qui ne sont pas rendues publiques», a-t-il précisé.

Parmi les autres candidats figurent l'ex-otage franco-colombienne Ingrid Betancourt et le dissident chinois Hu Jia.

La présence de ce dernier parmi les noms examinés par les cinq membres du comité Nobel risque de nouveau d'indisposer le régime chinois, qui réagit vivement à chaque fois qu'un de ses dissidents est présenté comme un possible lauréat.

Une autre candidature connue est celle de la Coalition contre les armes à sous-munitions (CMC) qui a joué un rôle actif dans le traité d'interdiction de ces armes meurtrières, signé l'an dernier à Oslo par près de 100 pays.

«Nous avons des candidatures venant d'origines géographiques très variées, certainement parce que les lauréats de ces derniers années viennent du monde entier», a ajouté M. Lundestad.

«Le fait que nous ayons élargi le concept de paix (en l'étendant à la lutte contre le changement climatique ou contre la pauvreté par exemple, ndlr) contribue aussi à cet afflux», a-t-il précisé.

Le nom du ou des lauréat(s) sera annoncé en octobre, avec une remise formelle le 10 décembre, jour anniversaire de la mort d'Alfred Nobel, l'industriel et philanthrope suédois qui a inventé les prix Nobel.

L'an dernier, la prestigieuse récompense avait été décernée à l'ancien président et médiateur finlandais Martti Ahtisaari.