Le procès de l'ancien chef de milice congolais Thomas Lubanga, le premier de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, se concentrera exclusivement sur le recrutement d'enfants soldats comme crime de guerre, une première pour la justice internationale.

«C'est le premier procès hautement symbolique» sur le drame des enfants soldats, relève Héloïse Ruaudel, spécialiste de la région des Grands Lacs pour la «Coalition pour mettre fin à l'utilisation d'enfants soldats», une association basée à Londres.

«C'est une avancée, mais la lutte contre l'impunité reste un défi majeur», ajoute-t-elle.

Plus dociles que des adultes, souvent drogués ou sous l'influence de l'alcool, les enfants soldats sont, selon l'Unicef, 250 000 dans le monde, principalement en Afrique et en Asie. Ils sont utilisés comme combattants, espions ou porteurs, les filles étant souvent réduites à l'état d'esclaves sexuelles.

Ces jeunes rejoignent les groupes armés souvent de force, parfois de gré, quand la nécessité ou des raisons ethniques, comme c'est le cas dans le nord-est du Congo, le justifient.

Le recrutement d'enfants âgés de moins de 15 ans ou de moins de 18 ans par des groupes armés est interdit notamment par les Protocoles additionnels aux Conventions de Genève et par la Convention relative aux droits de l'enfant.

En 2007, les «Principes et engagements de Paris», ratifiés par 76 pays, ont réaffirmé la nécessité de lutter contre l'utilisation de mineurs dans les conflits armés et l'impunité de leurs tortionnaires. Ils n'ont toutefois pas de force contraignante.

Le recrutement d'enfants soldats, parmi d'autres violations graves au droit international humanitaire, a déjà entraîné deux condamnations devant le Tribunal spécial pour la Sierre Leone (TSSL).

Mais le Statut de Rome, traité fondateur de la CPI, «est le premier texte à qualifier clairement ce comportement de crime de guerre», note Luc Walleyn, l'avocat de victimes au procès Lubanga.

La Cour définit ce crime comme «le fait de procéder à la conscription ou à l'enrôlement d'enfants de moins de 15 ans dans les forces armées ou dans des groupes armés ou de les faire participer activement à des hostilités».

Outre Thomas Lubanga, trois autres Congolais et quatre Ougandais sont sous le coup d'un mandat d'arrêt de la CPI pour de tels faits qui, entre autres, valent aussi à l'ex-président libérien Charles Taylor d'être jugé par le TSSL.