L'élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis est un symbole fort pour les Afro-Américains. Et pour Charles E. Cobb Jr, vétéran de la lutte pour les droits des Noirs, c'est aussi la conséquence directe d'une longue et violente marche pour l'égalité.

À la veille de l'investiture du premier Noir à la présidence des États-Unis, Charles E. Cobb Jr a prononcé hier soir une conférence à l'Université Concordia.

 

L'établissement l'a invité à l'occasion de la journée de commémoration de la naissance de Martin Luther King, chef de file du mouvement des droits civiques assassiné en 1968.

Le titre de sa conférence, De Martin Luther King à Barack Obama, pouvait difficilement être plus d'actualité...

«Mais ce soir, je ne vais pas uniquement parler de Martin Luther King, a précisé l'homme de 66 ans, hier. Je vais parler de tous ces militants qui ne sont peut-être pas connus, mais qui sont ont vraiment mené au changement.»

Car pour M. Cobb, qui enseigne aujourd'hui à l'Université Brown, dans le Rhode Island, l'oeuvre de King n'a pas été l'étape la plus importante de la lutte pour l'égalité.

«Particulièrement au Mississippi, des centaines de personnes ont forcé un changement dans la procédure politique, a raconté le journaliste et auteur de plusieurs ouvrages. Selon moi, c'est ce qui a créé le climat ayant mené à Barack Obama.»

Une longue marche

En 1962, Charles Cobb, alors âgé de 19 ans, quitte Washington D.C. pour assister à un atelier sur les droits civiques au Texas. En chemin, il fait un arrêt au Mississippi. Il y restera pendant près de cinq ans.

«Les gens ne peuvent s'imaginer à quel point le climat était violent», a-t-il raconté. Deux jours après son arrivée, le maire du village de Ruleville l'interpelle dans la rue, fusil à la main, lui ordonnant de quitter la ville.

Malgré le climat d'intimidation, Charles Cobb, qui devient permanent du Student Nonviolent Coordonating Comittee, travaille à convaincre les Noirs de s'inscrire sur la liste électorale.

En 1965, il connaît une première victoire: le Congrès américain met fin aux limitations légales au droit de vote des Noirs.

Depuis, Charles Cobb a connu plusieurs avancées. L'élection des premiers maires afro-américains à la fin des années 60. La fin de l'apartheid en Afrique du Sud. La nomination de Condoleezza Rice et Colin Powell au poste de secrétaire d'État.

Chaque fois, il a eu peine à y croire. «Sous peu, un couple noir américain vivra dans la Maison-Blanche, alors que celle-ci a été construite par des esclaves... J'ai encore de la difficulté à me convaincre!» a-t-il dit, le sourire aux lèvres.