Le roi des Belges Albert II a demandé mercredi la formation rapide d'un nouveau gouvernement pour affronter la crise économique, mais les pourparlers entre partis s'enlisent et pourraient se prolonger au-delà de la Saint-Sylvestre.

Lors de la démission vendredi du gouvernement dirigé par le chrétien-démocrate flamand Yves Leterme, accusé d'avoir fait pression sur la justice dans l'affaire Fortis, la mise sur pied d'un nouveau cabinet était présentée comme une question de jours.

Mais les analystes estiment désormais qu'il faudra attendre au moins jusqu'au passage des Rois mages, début janvier, pour assister à la naissance d'un gouvernement.

Car les querelles entre partis de l'hétéroclite majorité sortante, comprenant libéraux, socialistes et chrétiens-démocrates, compliquées par des disputes au sein de chaque formation, ont brouillé les pistes et éliminé les uns après les autres les candidats à la succession d'Yves Leterme, resté seulement neuf mois au pouvoir.

L'une des deux personnalités les plus citées, le président de la Chambre des députés, le chrétien-démocrate flamand Herman Van Rompuy, a ainsi récusé mardi soir toute ambition de diriger le gouvernement.

L'ancien Premier ministre Jean-Luc Dehaene, également chrétien-démocrate flamand, dont le nom est souvent cité, est quant à lui rejeté par les partis libéraux des deux communautés.

Après voir accepté lundi la démission de M. Leterme, chargé «d'expédier les affaires courantes», Albert II a confié à l'ancien Premier ministre Wilfried Martens, 72 ans, une mission «exploratoire» pour tenter de former un nouveau gouvernement.

M. Martens, qui a dirigé neuf gouvernement entre 1979 et 1992, est également membre du parti démocrate-chrétien, comme MM. Leterme, Dehaene et Van Rompuy.

Evoquant une «mission difficile mais pas impossible», il a rencontré mercredi les présidents des partis de l'opposition, après avoir rencontré la veille les responsables de la majorité sortante.

Il a ensuite fait au roi un «rapport intermédiaire sur l'évolution de sa mission», a indiqué le palais dans un communiqué.

Pour le quotidien flamand Het Laatste Nieuws, le plus gros tirage de la presse belge, «l'impasse est totale» et il n'y aura donc «plus de gouvernement cette année».

D'autant qu'au-delà de la désignation d'un nouveau Premier ministre, les partis se disputent sur la composition de la coalition - avec l'entrée éventuelle au gouvernement des socialistes flamands - et sur la durée de son mandat: faut-il aller jusqu'au terme de la législature, en 2011, ou seulement jusqu'à des élections anticipées, qui seraient organisées en juin ?

Sans évoquer directement ces questions, Albert II, dans son traditionnel discours de Noël diffusé mercredi sur toutes les chaînes belges, a appelé à une issue rapide.

«J'espère vivement que le sens des responsabilité de chacun conduira rapidement à la formation d'un nouveau gouvernement en mesure de continuer à affronter efficacement les défis économiques, sociaux et financiers urgents de notre pays et d'avancer dans la nécessaire réforme de l'Etat», a déclaré le souverain, âgé de 74 ans.

Dans ce discours au ton solennel, Albert II, filmé dans un bureau sombre et austère de son palais de Bruxelles, ne s'est toutefois pas exprimé sur les fortes tensions entre les pouvoirs politique et judiciaire, à l'origine de la chute du gouvernement d'Yves Leterme, premier dirigeant victime de la crise financière mondiale.

Le monarque a en revanche appelé de ses voeux le succès des négociations sur une réforme visant à accorder plus d'autonomie aux régions, une revendication de longue date de la Flandre. Ce «dialogue intercommunautaire» est lui aussi au point mort, en raison de la crise politique.