Dans son discours traditionnel de fin d'année prononcé lundi devant les dirigeants du Vatican, le pape Benoît XVI a sous-entendu que l'homosexualité menace la survie de l'humanité au même titre que les changements climatiques. Les associations gaies du monde entier n'ont pas tardé à réagir à ces paroles jugées «offensantes».

Devant des dizaines de cardinaux et de prélats réunis au Vatican lundi, Benoît XVI a affirmé que l'Église «doit défendre non seulement la terre, l'eau et l'air comme des dons de la création. Elle doit aussi protéger l'homme contre la destruction de lui-même».

 

«Ce n'est pas une métaphysique supérieure, si l'Église parle de la nature de l'être humain comme homme et femme, et demande que cet ordre de la création soit respecté» a dit le souverain pontife.

Benoît XVI a aussi établi un lien entre les changements climatiques et l'homosexualité. «Les forêts tropicales méritent, certes, notre protection, mais l'homme comme créature ne le mérite pas moins», a-t-il déclaré.

Pour le président de l'organisme Gai Écoute, Laurent McCutcheon, le discours du pape est «inacceptable». «Ça dépasse le bon sens. Ces paroles sont remplies de haine. L'Église doit pourtant répandre un message d'amour. Je suis scandalisé», a dit M. McCutcheon.

Ce dernier est d'autant plus choqué que la semaine dernière, le Vatican a refusé l'appel à la dépénalisation universelle de l'homosexualité lancé par l'Organisation des nations unies (ONU). «L'opposition de l'Église à l'homosexualité est devenue un acharnement. Sur le plan moral, c'est inacceptable», affirme M. McCutcheon. Au Groupe de recherche et d'intervention sociale gaies et lesbiennes (GRIS-Montréal), on condamne aussi le discours du pape. «Il devait faire un bilan de l'année. Il me semble que des choses pas mal plus importantes se sont passé cette année», dit le président du GRIS, Robert Pilon. Le GRIS visite plusieurs écoles de la province chaque année pour démystifier l'homosexualité auprès des jeunes. «Certains jeunes immigrants nous disent parfois que l'homosexualité est un grave péché qui mérite la mort. Le discours du pape apporte de l'eau à leur moulin», déplore M. Pilon.

Les Montréalais Roger Thibault et Théo Wouters, les premiers Québécois à s'être unis civilement, ont été troublés par le discours du pape. «C'est impensable qu'en 2008, la religion se permette de faire un tel commentaire», affirme M. Thibault. «Tant que des gens, hypocritement caché derrière une forme de muraille appelée religion, exerceront leur pouvoir de fausses vérités et de dominance sur les plus faibles d'esprit, la flamme de l'homophobie ne va jamais s'éteindre», ajoute M. Wouters.

Le cardinal Jean-Claude Turcotte, archevêque du diocèse de Montréal, n'a pas voulu commenter le discours du pape.

Mais dans le monde, les protestations ont fusé de toutes parts. En Grande-Bretagne, Sharon Ferguson, directrice générale du Mouvement chrétien gay et lesbien, a qualifié les propos du pape de «totalement irresponsables et inacceptables sur le fond comme sur la forme».

Avec l'Agence France-Presse