Le président américain George W. Bush recevra lundi le premier ministre israélien Ehud Olmert pour ce qui sera probablement la dernière rencontre entre deux dirigeants qui devraient se retirer bientôt sans avoir réalisé la vision commune d'un accord de paix.

Un an presque jour pour jour après la conférence d'Annapolis, près de Washington, M. Bush compte discuter avec M. Olmert «de la force des relations bilatérales entre nos deux pays, de la poursuite des efforts menés pour apporter la paix au Moyen-Orient et d'une large palette de questions régionales et internationales», a dit sa porte-parole Dana Perino.

Il ne faut plus attendre d'initiative majeure, concède un haut responsable de l'administration.

Pour MM. Bush et Olmert, il s'agit autant de faire un dernier point que de se dire au-revoir, admet-il.

M. Bush laisse la place à la Maison-Blanche à Barack Obama le 20 janvier. M. Olmert devrait suivre de près. Les deux hommes qui ont coopéré pendant environ trois ans et tenté dernièrement de parvenir à résoudre un conflit vieux de soixante ans entre Israéliens et Palestiniens, vont partir en laissant de nombreuses interrogations.

M. Olmert, mis en cause dans des affaires de corruption, a été contraint à la démission en septembre. Avec l'incapacité de Tzipi Livni, qui lui a succédé à la tête du parti centriste Kadima, de former une nouvelle coalition gouvernementale, il dirige un gouvernement de transition a priori jusqu'à des législatives fixées au 10 février.

M. Olmert était, avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, celui sur lequel M. Bush, accusé de s'être détourné de la question israélo-palestinienne pendant des années pour faire la guerre en Irak, avait misé en novembre 2007 à Annapolis pour lancer une nouvelle et tardive entreprise de paix.

Sous les auspices de M. Bush, MM. Abbas et Olmert s'étaient engagés à rechercher, avant fin 2008, un accord de paix menant à terme à la création d'un État palestinien.

Le processus n'a produit aucun résultat spectaculaire. Des querelles fondamentales restent irrésolues. La Bande de Gaza, l'une des deux composantes palestiniennes, restent sous le contrôle des radicaux du Hamas et une trêve avec Israël paraît aujourd'hui dangereusement menacée.

Avec les complications politiques israéliennes, l'administration Bush a été forcée d'admettre en novembre que M. Bush ne réaliserait pas sa version des accords de Camp David ou de la poignée de mains Arafat-Rabin.

Elle fait cependant valoir qu'elle a jeté les bases sur lesquelles continuer à construire jusqu'à une conclusion.

L'une des grandes questions posées par l'investiture de Barack Obama consiste dans l'empressement et l'énergie qu'il mettra à résoudre le conflit israélo-palestinien.

Après son élection, il a promis de poursuivre le processus, dans des conversations avec MM. Abbas et Olmert, selon des collaborateurs de ces derniers. Il semble jouir d'un a priori plus favorable que son prédécesseur dans la région, et même le Hamas s'est dit prêt à dialoguer avec lui.

Cependant, M. Obama aura déjà fort à faire avec deux guerres et une grave crise économique.

Les Israéliens attendent en outre de savoir s'il rompra avec l'intransigeance vis-à-vis des Iraniens.

L'issue des législatives israéliennes suscite elle aussi des interrogations sur la suite du processus.

«Obama a l'occasion d'apporter une contribution bien plus importante que de simplement injecter plus de vigueur» dans le processus, dit l'expert Robert Satloff.

Il peut investir «ses talents naturels et son prestige international unique» pour obtenir des Arabes qu'ils reconnaissent Israël comme un État juif et renoncent à soutenir toute activité antijuive, dit-il. «Si un tel effort portait ses fruits, on peut s'attendre à ce que tous les gouvernements israéliens potentiels - Likoud, Kadima, travailliste - répondent par des compromis substantiels sur la plupart des questions chères à la partie arabe».