Les partis de la droite populiste ont remporté près de 30% des voix aux élections législatives autrichiennes de septembre, ce qui a relancé les inquiétudes sur une possible dérive xénophobe du pays.

Peter Hajek, analyste politique viennois, estime que la montée du Parti autrichien de la liberté (FPÖ) et de l'Alliance pour l'avenir de l'Autriche (BZÖ) expriment d'abord un «vote de protestation» contre les grands partis traditionnels, arrivés malgré tout en tête lors de l'élection.

 

Chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates, réunis dans une «grande coalition» depuis 2006, ont été incapables d'agir efficacement, ce qui a alimenté le ressentiment populaire, dit-il.

Bien que le BZÖ et le FPÖ soient souvent décrits comme des formations d'extrême droite dans les médias internationaux, M. Hajek récuse cette étiquette puisque ni l'une ni l'autre ne conteste la légitimité de l'État ou ne menace de prendre le pouvoir par la force.

Il faut plutôt parler de droite populiste («far right»), avance l'analyste, qui insiste sur le fait que la politique de ces partis en matière d'immigration peut se comparer à celle de formations comme le Parti républicain aux États-Unis.

«Le BZÖ et le FPÖ jouent avec les sentiments racistes. Mais ils le font en présentant les choses d'une manière relativement subtile», juge M. Hajek.

Partisans de la ligne dure

Les deux partis font une large place dans leur programme à la question de l'immigration, en particulier musulmane, et préconisent la ligne dure pour «protéger» la culture autrichienne. Ce discours trouve une large résonance dans les segments de la population les plus fragiles sur le plan économique.»Le problème avec les musulmans, c'est qu'ils ne veulent pas s'intégrer. S'ils viennent en Autriche, ils doivent accepter la culture locale, la loi, notre façon de penser. S'ils ne le font pas, ils doivent partir. C'est très simple», résume le nouveau chef du BZÖ, Stefan Petzner.

Le jeune politicien soutient que les étiquettes «gauche-droite» sont devenues désuètes et que son parti puise de tout côté les idées les plus susceptibles de servir les intérêts «du peuple». Le programme prévoit à la fois une taxe sur les transactions financières, normalement chère aux altermondialistes, et un taux de taxation unique, mesure fétiche des néo-conservateurs.

De façon prévisible, les grandes priorités de M. Petzner reflètent celles du FPÖ puisque les deux partis n'en formaient qu'un jusqu'à ce que Jörg Haider claque la porte en 2005 pour créer le BZÖ

Le nouveau leader du FPÖ, Heinz-Christian Strache, ex-prothésiste dentaire de 38 ans, a fait campagne pour carrément stopper l'immigration musulmane. Vienne, dit-il, «ne doit pas devenir Istanbul».

Sa formation a agressivement fait campagne auprès des jeunes, qui auraient voté à près de 50% pour la droite populiste.

Le site personnel de M. Strache comprend des bandes dessinées où il est représenté comme un super-héros qui freine la régularisation des immigrés qui ne parlent pas allemand. On y trouve également une chanson de rap en l'honneur du politicien, qui pose coiffé d'un béret à la Che Guevara. Les trois dernières lettres de son nom, qui forment le prénom du révolutionnaire argentin, sont en majuscules.