Durant sa campagne, Barack Obama s'est souvent montré débonnaire, refusant de sauter dans la mêlée pour faire valoir un point.

Ce Barack-là était introuvable, hier. Il a été remplacé par Barack l'homme d'État, un politicien conscient des défis qui l'attendent - et du capital politique extraordinaire qu'il vient d'amasser.

 

Pour sa première conférence de presse, le président désigné des États-Unis a fixé le cap sur l'économie.

«Ma priorité est de m'attaquer à la crise économique qui frappe notre pays. Les États-Unis ont perdu 1,2 million d'emplois depuis le début de l'année. Nous faisons face au plus grand défi économique de notre vie», a-t-il dit.

Il a promis d'augmenter les allocations de chômage et d'aider l'industrie automobile ainsi que les petites entreprises.

Obama a répété à deux reprises qu'il n'entendait pas empiéter sur la fin du mandat de George W. Bush. «Il n'y a qu'un seul président en exercice», a-t-il dit.

Classe moyenne

Or, le président désigné n'a pas cherché à cacher ses intentions: faire passer un plan de sauvegarde de la classe moyenne, sorte de contrepartie du plan pour sauver Wall Street adopté le mois dernier. «Si un tel plan n'est pas adopté d'ici le jour de l'inauguration, ce serait la priorité des premiers jours de mon mandat», a dit Obama.

Pour sa première conférence de presse, Barack Obama était entouré de ses conseillers économiques Paul Volcker et Larry Summers, du vice-président désigné, Joe Biden, et du chef de cabinet Rahm Emanuel. La conférence a eu lieu à Chicago et non à Washington, pour ne pas porter ombrage au leadership du président Bush. Obama deviendra président le 20 janvier 2009.

Les propositions qu'Obama a présentées hier sont celles qu'il a répétées au cours de ses 21 mois de campagne. Mais son ton était plus sobre, presque solennel.

Il y a quand même eu quelques moments plus légers. Lorsque les journalistes se sont levés d'un bloc au moment de son arrivée dans la pièce, Obama a eu l'air surpris et a dit: «Oh! Wow!» Il a aussi blagué au sujet du choix d'un chiot pour ses filles, «le sujet qui a suscité le plus de commentaires sur notre site web», a-t-il dit, avant d'ajouter que le nouveau chien sera sans doute «un bâtard, comme moi».

Obama a dit avoir parlé au téléphone avec «tous les présidents encore vivants», ajoutant qu'il n'y avait pas eu de «séances à la Nancy Reagan». Une blague - plutôt ratée - au sujet de l'ex-première dame du pays, qui avait coutume de consulter un astrologue avant les rendez-vous importants de son mari.

Le futur président a dit qu'il était en train de relire les écrits de Lincoln, qu'il cite souvent comme un exemple et une source d'inspiration.

Hier, les commentateurs ont semblé impressionnés par la première apparition publique d'Obama depuis l'élection.

«Si la campagne présidentielle d'Obama ne vous a pas convaincus qu'il est un gars discipliné, sa première apparition publique l'a sans doute fait, a signalé Joe Klein, du magazine Time. Il était très direct, peu émotif. Il n'essaie pas d'être mélodramatique à propos de la crise économique. Ses réponses sont brèves et vont droit au but - un exemple de continuité approprié pour un président désigné.»

 

Dans les coulisses

David Katz, le photographe de campagne de Barack Obama, a mis en ligne hier des milliers de photos prises dans les coulisses de la campagne et notamment lors de la soirée électorale, sur le site internet de partage de photos en ligne Flickr. On peut voir les images sur flickr.com/photos/barackobamadotcom