Après le premier débat entre les candidats à la Maison-Blanche, place au seul et unique face-à-face prévu entre postulants à la vice-présidence qui verra s'affronter jeudi à Saint Louis deux personnalités au profil très différent: l'expérimenté démocrate Joseph Biden et la novice républicaine Sarah Palin.

Les candidats à la vice-présidence ont rarement un rôle déterminant sur le résultat de l'élection présidentielle. Reste que l'issue du duel entre Barack Obama et John McCain demeure incertaine et qu'une mauvaise prestation de leur colistier pourrait nuire à leurs chances à un peu plus d'un mois du scrutin du 4 novembre. D'autant que Biden et Palin ont pour mission de séduire les électeurs indépendants, un électorat-clé. Le premier, en les rassurant sur Obama, et la seconde, en les rassurant sur... elle-même.

Depuis qu'elle a enflammé la convention républicaine, début septembre, la gouverneure de l'Alaska a subi une formation accélérée en politique étrangère, un domaine où excelle Biden. Ses réponses parfois hésitantes durant les interviews ont été brocardées par l'émission de divertissement «Saturday Night Live».

Pour le débat, elle devra se montrer plus convaincante que lorsqu'elle a tenté d'expliquer lors d'un entretien à CBS la semaine dernière que le fait d'être gouverneure de l'Alaska lui permettait d'avoir une certaine connaissance de la Russie.

Elle affirme avoir plus d'expérience dans des fonctions exécutives que Biden et les deux candidats à la Maison-Blanche, mais avant d'être élue gouverneure en 2006, elle a seulement dirigé, en tant que maire, pendant plusieurs années la petite ville de Wasilla (moins de 7.000 habitants) en Alaska.

Et celle qui se décrit comme un pit-bull luttant contre la politique traditionnelle, a profité de ce système qu'elle dénonce en obtenant pour elle-même et ses amis des avantages lorsqu'elle était maire de Wasilla, montre une enquête de l'Associated Press.

Mais c'est peut-être pour Joseph Biden, qui s'est déjà lancé deux fois sans succès dans la course à la Maison-Blanche, que la tâche sera la plus difficile. Le goût du prolixe sénateur pour les discours improvisés pourrait lui valoir des ennuis.

Il s'est déjà fourvoyé lors d'une récente interview sur la crise financière, en déclarant: «lorsque le marché boursier s'est effondré, Franklin D. Roosevelt est allé à la télévision et n'a pas seulement parlé des princes de la cupidité. Il a dit 'Ecoutez, voilà ce qui s'est passé'«. En fait, c'est Herbert Hoover qui était président au moment du krach de 1929, et la radio, et non la télévision, était le média utilisé à l'époque.

L'expérimenté sénateur, spécialiste des questions de diplomatie et de défense, devra aussi éviter d'apparaître comme un professeur qui fait la leçon. «S'il étale son savoir et développe tout ce qu'il sait, il court le risque de paraître condescendant», note la sénatrice démocrate Claire McCaskill, une supportrice d'Obama.

Palin et Biden auront chacun 90 secondes pour répondre à une question, après quoi suivra une discussion de seulement deux minutes. Un format court qui devrait favoriser la gouverneure de l'Alaska.

Les deux colistiers pourraient être interrogés sur des divergences avec le No1 de leur «ticket» respectif. Palin est par exemple opposée aux recherches sur les cellules souches embryonnaires alors que McCain a soutenu le financement public de tels travaux. Elle est aussi favorable au forage pétrolier dans une réserve naturelle de l'Alaska alors que le sénateur de l'Arizona y est hostile.

De son côté, Biden a critiqué une publicité électorale d'Obama épinglant l'ignorance du candidat républicain en matière d'informatique. Il a également émis des signaux contradictoires sur une technologie du charbon propre soutenue par Obama. Et alors qu'il était encore en lice dans la course à l'investiture démocrate en début d'année, il avait jugé le sénateur de l'Illinois encore trop tendre pour la présidence.