Dix-sept personnes ont été tuées et 14 blessées samedi dans un attentat à la voiture piégée à Damas, l'attaque la plus sanglante en Syrie depuis les années 1980.

Selon les médias officiels, la voiture, bourrée de 200 kilos d'explosifs, se trouvait dans une rue passante, près d'un poste des services de sécurité, à une intersection menant à l'aéroport international de Damas et à la tombe de Sayyeda-Zeinab, un haut lieu de pèlerinage chiite.

«Dix-sept personnes ont été tuées et 14 blessées», ont indiqué la télévision nationale et l'agence de presse Sana.

«Il est clair que c'est une opération terroriste (...) et malheureusement toutes les victimes sont des civils», a affirmé à la télévision le ministre syrien de l'Intérieur, le général Bassam Abdel Majid.

Il a assuré que l'enquête «dirigée par l'unité de lutte antiterroriste mènerait aux responsables».

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a lui dénoncé un «acte terroriste et criminel», sur la télévision satellitaire al-Arabyia.

M. Mouallem, qui a rencontré samedi à New York la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, a regretté que la «terreur se soit répandue davantage après la guerre lancée par les Etats-Unis contre le terrorisme».

Les condamnations ont été nombreuses, du président français Nicolas Sarkozy --qui a effectué en septembre la première visite d'un chef d'Etat occidental en Syrie depuis cinq ans-- à Téhéran, en passant par les présidents libanais Michel Sleimane et russe Dimitri Medvedev.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hassan Ghshghavi, cité par l'agence Irna, a dénoncé un acte «terroriste et inhumain» et exprimé les condoléances du peuple et du gouvernement iraniens aux familles des victimes.

«Nous condamnons cet attentat (...), et nous présentons nos condoléances aux familles des victimes», a réagi le Département d'Etat américain.

La télévision syrienne a montré des voitures endommagées, des vitres brisées ainsi que les dégâts occasionnés à des immeubles par l'attentat.

«La force de l'explosion m'a projeté hors du lit. J'ai cru à un tremblement de terre. Je remercie Dieu parce que les écoles et administrations sont fermées aujourd'hui, car ça aurait été un massacre», a raconté un témoin.

Un autre, en état de choc, a raconté qu'un de ses proches, un général de l'armée syrienne âgé de 53 ans et son fils de 20 ans avaient été tués «alors qu'ils se rendaient à leur travail».

Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière depuis les années 1980, à l'époque où des attentats sanglants étaient commis par les Frères musulmans.

Les Frères musulmans de Syrie ont eux aussi condamné l'attentat «avec force». Leur chef en exil, Ali Sadreddine al-Bayanouni, a évoqué auprès de l'AFP un acte qui «pourrait être l'oeuvre de groupuscules extrémistes» ou le résultat «d'un conflit entre services de sécurité».

Les journalistes, qui ont été autorisés à s'approcher plus tard du lieu de l'attentat, ont vu des gens balayer les débris de verres des vitres cassées et des voitures endommagées. Mais la voiture piégée avait été retirée.

Le 22 septembre, les autorités libanaises avaient annoncé que la Syrie avait dépêché en renfort 10.000 soldats sur leur frontière commune, relevant que Damas avait évoqué des «mesures de sécurité internes».

La Syrie a connu ces derniers mois divers assassinats et incidents.

En août, le général Mohamed Sleimane, responsable de la sécurité du Centre d'études et de recherches scientifiques syrien, a été assassiné.

Le 12 février, Imad Moughnieh, haut responsable du Hezbollah, a été tué dans l'explosion de sa voiture à Damas.

Enfin, en juillet, les autorités ont réprimé des troubles dans la prison de Saydnaya, l'une des plus grandes de Syrie, accusant des «condamnés pour des crimes de terrorisme et d'extrémisme» d'être à l'origine des violences qui, selon une ONG, ont fait 25 morts.