L'administration Bush a condamné mercredi l'attentat contre l'ambassade américaine au Yémen, disant soupçonner le réseau Al-Qaeda d'en être l'auteur.

«Cet attentat nous rappelle que nous sommes en guerre contre des extrémistes prêts à tuer des innocents pour atteindre leurs objectifs idéologiques», a dit le président George W. Bush.

«L'un des objectifs de ces extrémistes, c'est de tuer, c'est de faire en sorte que les États-Unis flanchent et que nous nous retirions de régions du monde» où les Américains sont engagés, a-t-il dit lors d'une brève apparition devant la presse à l'issue d'entretiens avec l'ancien commandant de la force multinationale en Irak, le général David Petraeus.

«Et notre message, c'est que nous voulons aider les gouvernements à survivre aux extrémistes, nous voulons que les gens puissent vivre normalement», a-t-il déclaré.

La secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, a elle aussi «condamné fermement» cet attentat, soulignant qu'une réaction rapide des services de sécurité yéménites et des gardes de l'ambassade avait permis de «limiter l'impact sur le personnel de l'ambassade et ses visiteurs».

«Cet attentat barbare nous rappelle que le personnel américain et local de nos ambassades sert les États-Unis dans de nombreux environnements dangereux dans le monde, en prenant de grands risques personnels», a ajouté Mme Rice. «Nous sommes fiers d'eux».

L'ambassade des États-Unis à Sanaa, qui avait déjà échappé cette année à une attaque de la branche locale d'Al-Qaeda, a été la cible mercredi d'un attentat suicide à la voiture piégée qui a fait au moins 10 morts, en plus de six assaillants, selon une source officielle yéménite.

Un mystérieux groupe se présentant comme le «Jihad islamique au Yémen» a revendiqué l'attentat dans un communiqué qui est parvenu à l'AFP mais dont l'authenticité ne pouvait être établie.

«Cet attentat porte toutes les marques d'un attentat d'Al-Qaeda», a déclaré devant la presse le porte-parole du département d'État, Sean McCormack.

M. McCormack n'est pas allé jusqu'à accuser formellement la nébuleuse terroriste dirigé par Oussama ben Laden mais il a souligné que l'opération, qu'il a qualifiée de «sophistiquée», impliquait plusieurs voitures piégées et des attaquants à pied.

Un premier véhicule a explosé près de l'entrée principale, protégée par des blocs de béton en quinconces. Quelques minutes plus tard, un deuxième véhicule a explosé près d'une entrée réservée aux piétons.

Entre les deux explosions, des attaquants armés ont tenté de pénétrer dans l'ambassade à pied mais ils en ont été empêchés par les gardes.

«Quelquefois Al-Qaeda a des sous-traitants ou des prête-nom. Ils peuvent se servir de noms variés», a dit M. McCormack. «Je ne suis pas en mesure d'établir un lien précis mais au vu des faits sur le terrain, cela ressemble beaucoup à ce qu'Al-Qaeda a fait dans le passé».

Aucun ressortissant américain n'a été tué dans l'attentat, mais l'ambassade déplore la mort d'un de ses gardes de nationalité yéménite, a précisé M. McCormack.

La secrétaire d'État Condoleezza Rice a téléphoné au président yéménite, Ali Abdallah Saleh, pour le remercier de la protection apportée par ses services de sécurité pendant l'attaque.

Pays dont est originaire la famille d'Oussama ben Laden, le Yémen est un allié important de Washington dans la lutte contre Al-Qaeda, mais affiche dans ce domaine un bilan très mitigé qui lui a souvent valu des critiques américaines.

Le Yémen avait été le théâtre en octobre 2000 d'un attentat suicide dans le port d'Aden contre le destroyer américain USS Cole, qui avait tué 17 marins.