Le Représentant de Khartoum à Genève a violemment attaqué mercredi Mme Sima Samar, Rapporteur spécial de l'ONU pour les droits de l'homme au Soudan, en l'accusant d'être un «agent» à la solde de l'Union européenne.

Mme Samar a présenté cette semaine au Conseil des droits de l'homme de l'ONU un rapport extrêmement critique, jugeant même que la situation «empire» au Soudan, et plus particulièrement dans la région du Darfour, toujours en proie à la guerre civile.

«Le Rapporteur spécial sur le Soudan, Mlle Sima Samar, a démontré qu'elle est un agent de l'Union européenne», s'est emporté l'ambassadeur soudanais à Genève John Ukec Lueth Ukec.

Hormis le Darfour, la situation au Soudan est «merveilleuse», a assuré l'ambassadeur de Khartoum.

«Si le Soudan bafoue totalement les droits de l'homme, alors comment se fait-il que (Mme Samar) puisse s'y rendre, y visiter en sécurité des villes (...) en profitant de bonnes chambres d'hôtel et même rencontrer des prisonniers?», a lancé M. Ukec.

Pour le diplomate soudanais, un ancien rebelle du sud du pays rallié au gouvernement, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a été «pris en otage» par l'Union européenne sous l'influence de la France et du Royaume-Uni qui n'ont pas renoncé, selon lui, à leurs visées colonialistes.

«Nous n'avons pas oublié ce que la France a fait en Algérie et au Vietnam, et les traitements inhumains qu'elle a fait subir dans un passé récent dans ses colonies», a-t-il dit.

Le Soudan, soutenu par le groupe africain au Conseil des droits de l'homme, demande que le mandat de Mme Samar comme Rapporteur spécial sur le Soudan ne soit pas renouvelé à la fin de l'année.

En revanche, l'Union européenne a déposé un projet de résolution demandant le renouvellement pour un an du mandat de Mme Samar.

Le conflit au Darfour, où s'affrontent depuis 2003 forces gouvernementales appuyées par des milices arabes et mouvements rebelles, a fait jusqu'à 300 000 morts, selon l'ONU, quelque 10 000 selon Khartoum.