Le chef d'état-major américain a réaffirmé mercredi à Islamabad que les États-Unis s'engageaient à respecter la souveraineté du Pakistan, après la multiplication d'attaques américaines visant Al-Qaeda dans le nord-ouest de ce pays, a indiqué l'ambassade américaine.

L'amiral américain Michael Mullen, arrivé à Islamabad mardi soir pour une visite annoncée publiquement au tout dernier moment, s'est entretenu avec son homologue, le général Ashfaq Kayani, puis avec le premier ministre Yousuf Raza Gilani.

«L'amiral Mullen a réitéré l'engagement des États-Unis à respecter la souveraineté du Pakistan et à développer davantage la coopération entre les deux pays sur ces questions cruciales qui mettent en danger la sécurité et le bien-être des habitants des deux pays», lit-on dans un communiqué de l'ambassade des États-Unis.

«Les conversations ont été d'une très grande franchise, positives et constructives», assure le communiqué.

L'armée américaine, largement majoritaire au sein des forces internationales combattant l'insurrection des talibans en Afghanistan, tire presque quotidiennement depuis des semaines des missiles à partir de drones - avions sans pilote - dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, frontalières de l'Afghanistan, où Washington est convaincu que les insurgés afghans et Al-Qaeda ont reconstitué leurs forces.

Ces missiles tuent des combattants islamistes mais n'épargnent pas, presque à chaque fois, les civils alentours.

Depuis peu, le Pakistan, pourtant son allié-clé dans sa «guerre contre le terrorisme», dénonce vigoureusement mais en vain, ces «violations» de sa souveraineté.

Le ton est monté le 3 septembre quand, pour la première fois avérée, un commando des forces américaines a attaqué directement au sol un village des zones tribales, tuant, selon Islamabad, 15 civils, dont des femmes et des enfants.

Washington n'a pas commenté cette information mais ne l'a jamais démentie non plus.

Une semaine après, l'amiral Mullen assurait avoir donné ordre à l'armée américaine d'élaborer une nouvelle stratégie qui «prenne en compte les deux côtés de la frontière». Mais le général Kayani rétorquait aussitôt que son armée défendrait «à n'importe quel prix» la souveraineté du Pakistan.

De hauts responsables des services de sécurité, sous couvert de l'anonymat, ont assuré à l'AFP que le chef de l'armée et le premier ministre ont fait part à l'amiral Mullen de leur vive préoccupation à propos de ces raids américains, jugés par Islamabad «contre-productifs» dans cette «guerre contre le terrorisme».

«C'est un revers pour les efforts de l'armée pakistanaises contre les réseaux de combattants islamistes», a-t-il été dit à l'amiral Mullen, selon une de ces sources.

L'armée, sous la pression intense de Washington, a lancé début août une vaste offensive dans le district tribal de Bajaur, considéré par Washington comme l'un des principaux bastions d'Al-Qaeda. Les militaires assurent qu'ils y ont déjà tué près de 800 combattants islamistes mais ces bilans ne peuvent être confirmés de sources indépendantes.