Les principaux dirigeants politiques du Liban ont entamé mardi à Beyrouth un dialogue national axé sur le dossier épineux de l'armement du Hezbollah, dans un climat alourdi par un nouvel attentat et des violences à travers le pays.

La prochaine séance a été fixée au 5 novembre, a annoncé un communiqué de la présidence de la République à l'issue de la séance, qui s'est déroulée à huis clos, avec au menu «la stratégie nationale de défense» qui devait définir les relations entre le mouvement chiite Hezbollah et l'armée libanaise.

Les participants à la table ronde «se sont mis d'accord sur le lancement du débat sur la stratégie de défense en tenant compte des différents points de vue, dans le but de parvenir à une vision commune», indique le communiqué.

Le chef de l'État Michel Sleimane «mènera des discussions bilatérales pour consacrer les réconciliations» entre les différents partis politiques «en vue de renforcer les chances de réussite du dialogue», a ajouté la présidence.

Quatorze dirigeants de la majorité parlementaire antisyrienne et de la minorité emmenée par le mouvement chiite Hezbollah et soutenue par la Syrie et l'Iran se sont retrouvés mardi, quatre mois après des heurts qui ont fait 65 morts et fait craindre une nouvelle guerre civile.

Seul le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah était absent pour des raisons de sécurité. Il était représenté par le député du mouvement chiite Mohammad Raad.

«Accepter d'entamer un dialogue montre que tout est susceptible d'être discuté, que tous les sujets peuvent être abordés», a souligné M. Sleimane à l'ouverture de la séance, dans un discours retransmis par les télévisions.

Il a affirmé que la nouvelle stratégie de défense devrait reposer sur l'armée libanaise, profiter des capacités de «la résistance» (en référence au Hezbollah) et avoir recours à la diplomatie.

Mais alors que le Hezbollah estime nécessaire de garder son arsenal pour protéger le pays contre une éventuelle attaque israélienne, la majorité antisyrienne l'accuse de faire le jeu de l'Iran et de la Syrie et insiste pour que l'État ait le monopole des armes et des décisions de guerre et de paix.

«Tout Libanais espère que le dialogue aboutisse, mais la vraie solution ne verra le jour que lorsque le (Hezbollah) mettra fin au rôle régional de ses armes et à ses ambitions d'imposer son hégémonie par la force sur la scène intérieure», notait un éditorial du quotidien An Nahar, proche de la majorité.

Lors des affrontements de mai, le Hezbollah avait pris le contrôle du secteur ouest de Beyrouth, soulevant de vives critiques concernant le rôle de ses armes, confinées jusqu'alors au rôle de lutte contre l'occupation israélienne du territoire libanais.

Même les quotidiens prosyriens soulignaient la difficulté de la tâche.

«Les différents milieux politiques estiment que les discussions sur la stratégie nationale de défense se perdront dans un débat stérile et que les résultats ne verront pas le jour avant bien longtemps», écrivait As Safir.

Pour le quotidien indépendant Al-Anouar, «la table de dialogue est installée dans un champ de mines appelé Liban».

Lundi, un partisan du Courant du Futur, mené par le chef de la majorité, le sunnite Saad Hariri, a été abattu par balle dans l'est du pays et des bombes ont explosé dans un secteur de Beyrouth ayant déjà connu des heurts sanglants entre sunnites et chiites en mai, sans faire de victime.

Quelques jours plus tôt, un responsable prosyrien a été assassiné.

En 2006, un dialogue difficile avait réuni les principaux dirigeants politiques mais avait été interrompu en raison du conflit entre Israël et le Hezbollah l'été de la même année. Il avait achoppé notamment sur la question de l'armement du Hezbollah.