L'armée française est intervenue, dans la nuit de lundi à mardi, pour libérer deux otages aux mains de pirates en Somalie, la deuxième opération de ce type en cinq mois dans une zone devenue extrêmement dangereuse pour les plaisanciers, les pêcheurs et les navires marchands.

Le président Nicolas Sarkozy qui a donné l'ordre de mener l'opération a lancé mardi un «appel à la mobilisation internationale» pour lutter contre la piraterie au large de la Somalie, qu'il a qualifiée de «véritable industrie du crime» quelques heures après la libération par un commando des deux otages français.

L'intervention réalisée par les commandos de marine, avec la contribution des services d'espionnage, a duré 10 minutes et elle a permis la capture de 6 des pirates somaliens, tandis que l'un d'entre eux était tué.

L'opération a été menée par un commando des opérations spéciales (COS) appuyé par une frégate qui se trouvait dans le golfe d'Aden dans le cadre de l'opération internationale de lutte contre le terrorisme, «Liberté immuable». Aucun militaire français n'a été tué ou blessé.

Les deux otages, Jean-Yves Delanne et son épouse Bernadette, sains et saufs, sont deux passionnés de voile qui convoyaient au moment de leur enlèvement le voilier «Carré d'As» d'Australie jusqu'à La Rochelle (ouest de la France), où le bateau devait être vendu.

Les pirates somaliens, qui avaient arraisonné leur voilier le 2 septembre dans le golfe d'Aden, réclamaient le versement d'une rançon et la libération des Somaliens capturés lors d'une précédente opération française en avril.

L'envoi des commandos français est «est un avertissement pour tous ceux qui se livrent à cette activité criminelle», a déclaré Nicolas Sarkozy.

Déjà en avril, Paris avait proposé la création d'une «force internationale» sous mandat de l'ONU, après une première intervention de son armée pour libérer une trentaine de membres d'équipage d'un voilier, le «Ponant», capturé au large de la Somalie. À cette occasion, les militaires français avaient poursuivi les pirates jusqu'en territoire somalien.

Pas moins de huit attaques de pirates ont eu lieu au large des côtes somaliennes depuis la fin juillet. Selon le Bureau maritime international (BMI), 24 attaques de piraterie ont eu lieu au large de ces côtes au cours du premier semestre 2008.

Encore lundi soir, un chimiquier de Hong Kong avec 22 hommes à bord a été intercepté par des pirates lourdement armés, selon Bureau maritime international (BMI), basé à Kuala Lumpur.

Le président français a souligné que cette deuxième intervention de l'armée de son pays contre les pirates a bénéficié de «l'appui» de l'Allemagne et de la Malaisie, deux pays qu'il a tenu à remercier sans préciser leur rôle précis dans l'opération.

Illustration de l'audace croissante des pirates: la tentative d'abordage dont a été la cible la semaine dernière un thonier français, près des Seychelles à plus de 700 km de la Somalie. Les pirates à bord d'une vedette rapide ont essayé de monter à bord du navire et ne pouvant y arriver en raison de l'état de la mer ont tiré deux roquettes. Sans provoquer de victime ou de dégâts importants.

Fin juillet, la France et l'Espagne, dont les pêcheurs sont actifs dans l'Océan Indien, ont proposé de former une force navale internationale spécifiquement chargée de lutter contre les pirates somaliens et lancé un appel à la coopération internationale.