Le groupe armé Mend a revendiqué mardi sa seconde attaque contre la compagnie anglo-néerlandaise Shell depuis qu'il a proclamé une «guerre du pétrole» dans le sud du Nigeria, où un Britannique a été enlevé lundi soir.

«Un important oléoduc (...) appartenant à Shell Petroleum Development Company a été détruit avec des explosifs de forte puissance par des artificiers du Mend soutenus par des combattants lourdement armés», a assuré le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend), dans un courriel aux médias.

Shell, qui ne donne jamais de précisions chiffrées sur les quantités de pétrole perdues en raison de sabotages, n'a pas commenté cette seconde attaque, se contentant d'indiquer que des «vérifications» étaient en cours.

Un porte-parole militaire a pour sa part affirmé que l'attaque avait échoué et que les «militants» avaient été repoussés.

«Des soldats ont vu les militants à temps et les ont affrontés. Ces derniers ont abandonné leurs explosifs qui ont sauté», a précisé à l'AFP le lieutenant-Colonel Musa Sagir, porte-parole de la JTF (Joint Task Force police-armée en charge de la sécurité dans le delta)

Les rebelles avaient déjà attaqué dans la nuit de dimanche à lundi la station de pompage Shell d'Alakiri, au sud de Port-Harcourt, la «capitale» pétrolière du delta du Niger.

Un porte-parole de Shell avait confirmé à l'AFP cette attaque et précisé qu'un agent de sécurité nigérian avait été tué et quatre autres personnes blessées.

Conséquence de ces opérations, Shell a évacué par précaution plusieurs dizaines d'employés de certains sites, plus d'une centaine selon une source du secteur pétrolier bien informée.

Une autre attaque avait visé dimanche des installations de la compagnie américaine Chevron dans le même État de Rivers.

Ce même dimanche, le Mend avait annoncé le lancement d'une «guerre du pétrole» sous le nom de code «Ouragan Barbarossa», et menacé tous les pétroliers et méthaniers qui s'approcheront du delta du Niger, la zone d'où le Nigeria tire 90% de ses devises.

Par ailleurs, un ressortissant britannique a été enlevé lundi soir à Port-Harcourt par des hommes armés, selon le porte-parole de la JTF qui n'a pas donné de détails, notamment sur l'identité de cette personne.

Une porte-parole de l'ambassade britannique à Abuja, James Mclaughlin, a indiqué à l'AFP que la mission diplomatique procédait à des vérifications.

Par ailleurs, le Mend a annoncé mardi qu'il allait libérer «au plus tôt» deux Sud-Africains pris en otages par des pirates. Les deux hommes faisaient partie d'un groupe de 27 marins - 22 Nigérians, deux Sud-Africains et trois Britanniques et Ukrainiens - attaqués par des pirates la semaine dernière et libérés par le Mend vendredi.

Samedi, le Mend avait indiqué qu'il entendait échanger les 27 otages libérés - dont certains auraient été blessés lors d'une opération des forces nigérianes contre un camp du Mend - en échange de la libération d'Henry Okah, l'un de ses dirigeants emprisonnés dans le centre du pays depuis des mois.

Face à cette recrudescence des opérations contre le secteur pétrolier, l'armée nigériane a tourné en dérision l'opération «Ouragan Barbarossa». Cité mardi par La Presse, le porte-parole de la défense, le général Mohamed Yusuf, a qualifié cette «guerre du pétrole» de «propagande et de ruse des militants pour provoquer la peur dans la population et la communauté étrangère». «Il n'y a rien qui ressemble à une guerre», a-t-il poursuivi.

À Port-Harcourt même, la situation semblait normale mardi, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP sur place.

«Pas de blindés, ni de sacs de sables, tout est normal ici», a confié à l'AFP un haut responsable d'une compagnie multinationale.