Une victime présumée d'O.J. Simpson a témoigné lundi que ce dernier savait qu'une arme avait été brandie pendant les faits, au premier jour des débats du procès de l'ancien footballeur pour vol à main armée et enlèvement à Las Vegas.

Bruce Fromong, 54 ans, l'un des deux marchands de souvenirs ayant été selon le parquet victimes de Simpson et de cinq hommes de main, a affirmé devant les jurés que la phrase «baisse ton arme» avait été prononcée lors de l'incident, le 13 septembre 2007 dans une chambre d'un hôtel-casino de Las Vegas.

Ces faits valent à M. Simpson, 61 ans, de risquer la prison à perpétuité, 13 ans après son spectaculaire acquittement dans une affaire de double meurtre à Los Angeles.

M. Fromong n'a pas été en mesure de préciser qui, des six hommes, avait parlé d'une arme. Mais il a déclaré que M. Simpson avait crié: «Ne laissez personne sortir de la pièce, personne ne sort d'ici».

Ce témoignage constitue une des pierres angulaires de la démonstration du parquet, pour qui M. Simpson a commis en toute connaissance de cause un vol à main armée.

Le procureur adjoint Christopher Owens a soumis lundi matin aux 12 jurés un enregistrement sonore sur lequel on entend M. Simpson déclarer à la personne qui avait organisé la rencontre entre lui et les deux marchands: «bon, ils vont se voir ce soir, je vais me pointer avec des tas de gars et récupérer les trucs. Ils ne vont rien pouvoir faire contre ça».

D'autres extraits, a affirmé M. Owens, «vont montrer l'intention, l'usage de la force (...) et le vol de propriété. Cela montrera quel personnage est O.J. Simpson».

La défense a argué de l'existence d'autres extraits sonores qui prouvent, selon elle, que ces objets avaient été volés à M. Simpson, qu'il ne voulait que récupérer son dû et ignorait que certains de ses compagnons portaient des armes.

L'un de ses avocats a affirmé que M. Simpson avait fait appel à un porteur pour transporter les objets. «Qui ferait appel à un porteur après avoir commis un vol? Evidemment, ce ne sont pas les actes de quelqu'un qui veut commettre un crime», a déclaré Yale Galanter.

La sélection du jury a pris quatre jours la semaine dernière. Neuf jurés sont des femmes, trois des hommes, et tous sont blancs. Visé par 12 chefs d'inculpation, dont 11 criminels, Orenthal James Simpson, vedette du football américain des années 1970, risque de finir ses jours en prison.

En 1995, M. Simpson avait été acquitté à Los Angeles des meurtres de son ex-épouse Nicole Brown et de l'ami de celle-ci, Ron Goldman, commis l'année précédente.

Los Angeles se remettait difficilement des émeutes raciales meurtrières de 1992 et la défense avait dépeint M. Simpson comme la victime d'une police raciste. La conclusion de ce procès reste encore aujourd'hui controversée et le nom de Simpson sulfureux.

Quatre co-accusés ont conclu des accords avec le parquet pour témoigner contre M. Simpson et le sixième homme impliqué dans l'affaire, Clarence Stewart, qui comparaît aux côtés de l'ancien champion. Me Galanter a mis en doute la fiabilité des quatre hommes, qui possèdent un casier judiciaire.

La question centrale du procès sera de savoir si la polémique ayant entouré l'acquittement de 1995 jouera ou non dans la décision du jury actuel. La juge présidant au procès, Jackie Glass, a exhorté les jurés à faire la part des choses, argumentation reprise lundi par Me Galanter.

«Vous pouvez penser ce que vous voulez sur son passé et vous avez tous accepté de l'ignorer. Mais ce que vous allez voir dans l'enceinte de ce tribunal concerne la récupération de photographies, de souvenirs personnels», a-t-il dit.

Le procès doit durer environ un mois.