Le secrétaire général de l'OTAN Jaap de Hoop Scheffer est arrivé lundi à Tbilissi pour assurer la Géorgie de son soutien, un mois après l'entrée des forces russes dans cette ex-république soviétique.

Donnant le ton de la visite, M. de Hoop Scheffer a affirmé que le maintien des troupes russes en Ossétie du Sud et Abkhazie, les deux républiques séparatistes de Géorgie, n'était «pas acceptable», dans un entretien au Financial Times.

Selon l'accord conclu le 8 septembre par la Russie et l'Union européenne, les troupes russes doivent se retirer de Géorgie, hors régions séparatistes, d'ici au 10 octobre, au fur et à mesure du déploiement d'observateurs internationaux.

M. de Hoop Scheffer dirige une délégation regroupant les ambassadeurs des 26 pays de l'Alliance, qui participera lundi après-midi à une réunion inaugurale de la commission OTAN-Géorgie, créée dans la foulée du conflit russo-géorgien en août.

La Géorgie, qui comme l'Ukraine veut entrer dans l'Alliance au plus vite pour se protéger de son imposant voisin russe, attend beaucoup de cette visite après des affrontements qui ont fait plusieurs centaines de morts, détruit une partie de ses infrastructures et de son armée.

«Ce que la Géorgie attend d'abord de cette visite, c'est que l'OTAN envoie un message clair sur l'irréversibilité de la démarche d'entrée de la Géorgie dans l'OTAN», a déclaré à l'AFP le secrétaire du Conseil de Sécurité géorgien, Alexandre Lomaïa.

«La marche de la Géorgie vers l'OTAN est irréversible. La Russie a manqué l'objectif de son agression (intervention militaire en Ossétie du Sud en août, ndlr), qui était d'empêcher la Géorgie d'intégrer l'Alliance», a-t-il ajouté.

«Je ne sais pas si c'est un signe d'une nouvelle guerre froide. Mais je sais que la Russie agit contre les lois du monde civilisé», a-t-il poursuivi, fustigeant une nouvelle fois l'attitude «irresponsable et illégale» de la Russie en Géorgie.

De son côté, l'OTAN semble vouloir poursuivre un exercice d'équilibriste entamé en Ukraine, en apportant un clair soutien à la Géorgie sans toutefois donner le sentiment de chercher l'affrontement militaire avec la Russie, alors que Moscou accuse Washington de vouloir «réarmer» la Géorgie.

«L'OTAN se refuse à envoyer à la Russie le moindre message d'action militaire» potentiellement menaçante pour elle, a résumé un diplomate de l'Alliance à Bruxelles.

L'Allemagne, la France et la Belgique, qui s'étaient opposés au sommet de l'OTAN de Bucarest en avril à ce que la Géorgie accède au «Plan en vue de l'adhésion» (MAP, selon l'acronyme anglais), qui lui aurait donné le statut formel de candidat, n'ont pas changé d'avis après ce conflit.

Pas question donc de parler d'aide militaire massive lors de la réunion de la commission OTAN-Géorgie.

La Commission européenne a annoncé pour sa part lundi une nouvelle aide pour la Géorgie de 500 millions d'euros sur la période 2008-2010, pour aider à la reconstruction après le conflit avec la Russie.

Les pays de l'UE ont aussi donné leur feu vert formel à l'envoi de 200 observateurs en Géorgie d'ici le 1er octobre, dans le cadre de l'accord du 8 septembre. Ils espèrent que ces observateurs pourront ensuite accéder aussi à l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, ce que Moscou exclut pour l'heure.

Le président russe Dmitri Medvedev a annoncé qu'il signerait «cette semaine» des accords de coopération militaires avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, où l'armée russe compte maintenir 7.600 hommes au total et pourra ainsi disposer de bases.

Dans le même temps, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, poursuivait lundi en Ossétie du Sud sa visite dans les régions séparatistes, dénoncée par Tbilissi comme la suite d'une «tentative d'annexion» des territoires géorgiens.

Moscou a reconnu l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud le 26 août et demandé qu'elles participent aux discussions internationales sur l'avenir de la région.