Les autorités indiennes ont identifié lundi deux suspects peut-être liés aux attentats islamistes de New Delhi, qui ont fait 22 morts, tandis que la presse fustigeait les ratés de la politique anti-terroriste.

Les deux hommes --Qayamuddin et Abdul Subhan, qui «pourraient être impliqués» dans le carnage de samedi soir-- sont aussi liés à 16 attentats perpétrés en juillet à Ahmedabad, grande ville de l'État du Gujarat (ouest), a déclaré à l'AFP le commissaire de la police régionale, Ashish Bhatia.

Ces attaques au Gujarat et les cinq attentats à la bombe dans des quartiers commerçants de New Delhi ont été revendiqués, «au nom d'Allah», par une organisation islamiste locale, les Moudjahidine indiens (MI), probable renaissance du Mouvement islamique des étudiants d'Inde (SIMI) interdit en 2001.

Ces mystérieux MI s'étaient déjà dits responsables d'attentats en mai à Jaïpur (État touristique du Rajasthan, nord-ouest) et d'attaques coordonnées en novembre 2007 contre trois villes de l'Uttar Pradesh (nord).

Depuis trois ans, l'Inde est frappée environ tous les trois mois par des attentats qui restent non élucidés.

«Nous sommes en guerre», a asséné le Times of India, et «lorsqu'un pays est en guerre, il n'y a pas de demi-mesure pour riposter et repousser l'ennemi», a martelé le quotidien en plaidant pour que la classe politique «se rassemble» afin de bâtir «une stratégie anti-terroriste».

En 2004, tout juste arrivé au pouvoir, le parti du Congrès (centre gauche) avait abrogé une législation anti-terroriste adoptée par le gouvernement précédent du parti nationaliste hindou (BJP, droite) après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.

Le premier ministre Manmohan Singh redoutait que la police ait recours à ces lois d'exception pour de simples affaires de droit commun.

«Mais le gouvernement n'en a tout simplement pas fait assez pour mettre fin aux attentats terroristes ces quatre dernières années et punir les responsables», a dénoncé le quotidien India Express.

Ni la police, ni les services du renseignement «ne disposent des ressources pour faire face à une offensive terroriste urbaine sans précédent par son ampleur et sa signification», a renchéri le journal The Hindu.

Jusqu'à récemment, après chaque attentat, l'Inde accusait des «cellules terroristes islamistes» basées au Pakistan et au Bangladesh, le Lashkar-e-Taiba (LeT) et le Harkat-ul-Jihad-al-Islami (HuJI).

Mais dorénavant, des responsables de la 10e puissance économique mondiale comptant 1,1 milliard d'habitants --dont 80% d'hindous et 14% de musulmans-- reconnaissent être confrontés à des groupes islamistes indiens et non plus seulement à ceux venus de l'étranger.

«C'est certain. Des cellules islamistes indiennes sont maintenant directement impliquées dans les attentats terroristes visant l'Inde», confiait il y a peu à l'AFP une source d'un service du renseignement occidental.

Mais «c'est un fait, ces combattants extrémistes sont soutenus depuis l'autre côté de la frontière», c'est-à-dire depuis le Pakistan, a insisté le ministre indien de la Défense, A.K. Antony.

Dans leurs multiples revendications, les Moudjahidine indiens ont dit pêle-mêle vouloir venger les émeutes de 2002 au Gujarat entre hindous et musulmans (2000 morts, des musulmans pour la plupart), dénoncer le sort de leurs coreligionnaires dans les États indiens dirigés par des partis hindous ou fustiger le rapprochement historique entre l'Inde et les États-Unis.

Et puis, les cinq bombes de New Delhi --et les trois qui ont désamorcées-- ont visé des symboles commerçants et touristiques de cette nouvelle «Inde qui brille», fierté des dizaines de millions de membres des classes moyennes.